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Chirurgie

Publié le 21 fév 2011Lecture 24 min

Les ligatures en chirurgie dermatologique

J.-L. MICHEL, Saint-Étienne

Les résorbables 

Les fils à sutures sont nombreux et destinés à des indications différentes. Le fil idéal doit répondre à certains impératifs qui seront détaillés plus loin. Actuellement, aucun fil ne répond à la totalité de ces exigences. Il est donc nécessaire, pour chaque intervention, de rechercher le fil ayant les caractéristiques les plus compatibles avec l’acte envisagé. Ces caractéristiques diffèrent selon que le fil est tressé ou monobrin.

Les qualités d’une ligature chirurgicale Les fils de suture doivent avoir certaines des qualités suivantes : surface égale et lisse (afin de ne pas couper les tissus sans glisser sur les gants), souples pour faciliter la réalisation des noeuds, résistants pour contenir sans se rompre, solides au noeud, inertes pour ne pas entraver la cicatrisation, non rétractibles dans les tissus, non capillaires, car le transport de sécrétions par le fil représente un risque d’infection. Un fil est un compromis. Il est en effet difficile d’avoir un fil qui glisse bien dans les tissus et qui tient au noeud. On les différencie selon leur comportement dans les tissus : fils résorbables ou non ; selon leur origine synthétique ou naturelle ; selon leur aspect physique mono- ou polyfilament. Les fils chirurgicaux doivent être le moins capillaires possible, car le transport de sécrétions par le fil représente un risque d’infection.  Qualités physiologiques La stérilité est indispensable. La tolérance est fonction du matériau constituant le fil, de sa structure (tressé ou monofilament), de sa capillarité, du colorant, du produit d’enduction et des procédés de conservation et de stérilisation. La présence de la ligature dans l’organisme provoque une réaction inflammatoire prolongée de type granulome, site privilégié pour la formation d’infections localisées. Le fil de référence est l’acier, qui ne provoque pratiquement pas de réaction tissulaire. Les ligatures non résorbables sont inflammatoires à des degrés divers. Les propriétés inflammatoires des ligatures résorbables sont aussi en relation avec leur mode de résorption (hydrolyse ou protéolyse enzymatique). Le temps de résorption intervient de façon importante dans le choix. La ligature doit rester intacte et maintenir en place les tissus rapprochés tout le temps de la cicatrisation. Après cicatrisation, sa disparition est préférable de façon à ne pas maintenir un corps étranger dans l’organisme. La distinction résorbable/non résorbable n’est pas absolue car il existe des résorbables à durée de vie longue (PDSII®) et des non résorbables qui s’altèrent dans le temps (polyamide). La ligature doit rester intacte et maintenir en place les tissus rapprochés tout le temps de la cicatrisation.  Qualités physiques • Texture des fils De nos jours, les fils les plus communément utilisés en chirurgie se présentent sous deux textures : ils peuvent être monobrins ou tressés. Le fil monobrin se présente sous la forme d’un brin simple cylindrique plein, parfaitement lisse. Les fils multifilaments résultent de l’assemblage de nombreux fils fins différemment agencés. Le plus souvent, on utilise des fils tressés. Le fil tressé peut présenter une texture plus ou moins complexe avec un nombre de brins variable. La texture du fil intervient sur les autres caractéristiques physiques du fil. • La non-capillarité est recherchée pour une meilleure tolérance du fil. Elle dépend de la structure du fil et de son traitement (enduction). Le fil monobrin est acapillaire. Il ne génère pas d’effet de mèche et ne favorise donc pas la migration de liquide ou de germes. En revanche, la structure tressée est capillaire, elle favorise la propagation des liquides tissulaires et la survenue d’une infection — des germes peuvent la pénétrer, les bactéries peuvent se retrouver protégées de la phagocytose au sein des interstices des tresses. L’enduction permet de limiter la capillarité et d’augmenter la glissance de certains fils tressés. Il s’agit d’un dépôt à la surface de la tresse d’une substance (cire, silicones ou résines hydrophobes) qui en obstrue partiellement les interstices et lui confère des propriétés qui se rapprochent alors de celles des fils monobrins. Le lin a un effet de mèche qui le fait bannir de toute suture superficielle.  La résistance élevée à la traction est fondamentale car la ligature doit résister aux tensions subies dans l’organisme pendant et après l’acte chirurgical. Sa résistance au noeud doit être maximale pour que le fil ne casse pas lors de la superposition de plusieurs noeuds. La résistance est fonction du matériel, du diamètre et du type de noeud. La perte de résistance du fil au niveau du noeud est de 40 à 50 %. La solidité de la ligature est proportionnelle au carré de son diamètre (un fil n°1 est quatre fois moins résistant qu’un fil n°4). Dans la pharmacopée française, le diamètre du fil est exprimé en numérotation décimale. Une décimale correspondant à un dixième de millimètre. Les diamètres vont de la décimale 0,1 à 10. Une ligature de numéro décimal n a un diamètre compris entre n/10 mm et n/10 + 0,9/10 mm. Les variations de diamètre ne peuvent excéder 2/100 mm sur toute la longueur du fil. La numérotation décimale est peu utilisée à l’opposé de la numérotation traditionnelle (numérotation croissante USP se référant à la résistance du fil). Cette numérotation traditionnelle ne devrait plus être utilisée car elle est arbitraire et donc source de confusions : deux fils de même diamètre de fabricants différents ou de nature différente peuvent ne pas avoir le même numéro. • La tenue au noeud doit être sûre sur trois boucles superposées inversées. Elle est fonction de certains paramètres : raideur du fil, coefficient de friction, élasticité, plasticité du fil. En fonction de ces paramètres, la tenue au noeud diffère selon que le fil est monobrin ou tressé. L’élasticité dépend du matériau et du tressage. Le serrage du noeud peut être mieux évalué avec un fil sans élasticité. Mais une très légère élasticité permet d’éviter la nécrose. Les fils monobrins sont communément plus raides que les fils tressés, notamment lorsque le diamètre augmente. Leur surface parfaitement lisse leur confère un plus faible coefficient de friction et une meilleure glissance. Ces deux caractéristiques, raideur et glissance, expliquent qu’en règle générale, les fils monobrins ont une moins bonne tenue au noeud que les fils tressés. Toutefois, cette notion est à nuancer, notamment en raison de la plasticité de certains fils monobrins. En effet, certains fils monobrins ont la caractéristique de se plier lors de la confection du noeud, ce qui en accroît la tenue. Le serrage du noeud fait avec l’acide polyglycolique (résorbable) demande de l’attention et de l’expérience. La sécurité du noeud peut être assurée par un placement soigneux et un serrage sélectif de chaque demi-clé. Il est nécessaire de faire un noeud double initialement. La tenue au noeud d’un fil est une caractéristique garante de la sécurité de la suture pratiquée.  Qualités organoleptiques • La glissance d’un fil est l’aptitude qu’a ce fil à glisser dans les tissus lors de sa mise en place. Elle est fonction du matériau, du tressage et de l’état de surface. Une bonne glissance est recherchée pour que la pénétration tissulaire soit la moins traumatisante possible. Mais pour une manipulation aisée et une suture fiable, la ligature ne doit pas glisser sur les gants et après serrage des noeuds. La glissance est fonction du coefficient de friction du matériau. Plus le coefficient de friction est faible et moins le fil accroche et lèse les tissus. À l’inverse, les fils à fort coefficient de friction peuvent avoir un effet de scie lors de leur passage dans les tissus. En conséquence, le fil chirurgical est idéalement un fil à faible coefficient de friction. En revanche, les noeuds des fils à faible coefficient de friction ont tendance à glisser et à se dénouer. C’est un inconvénient majeur tant pour les sutures tissulaires que pour les ligatures d’hémostase. En raison même de leur texture, les fils monobrins sont généralement dotés d’une bonne glissance. À l’inverse, les fils tressés, de surface irrégulière ont un coefficient de friction plus élevé. Pour limiter le traumatisme tissulaire induit par les fils tressés, ces derniers sont généralement « enduits ». • Mémoire, souplesse et maniabilité La mémoire du fil est définie par la capacité que possède ce fil à retrouver la forme qu’il avait dans son emballage. La mémoire du fil influe peu sur la qualité de la suture. En revanche, elle intervient comme facteur de maniabilité, les fils à mémoire ayant tendance à faire des noeuds spontanément lors de leur manipulation. La souplesse est très appréciée par le chirurgien car elle facilite la réalisation de la suture et sa précision pour les travaux très fins. La souplesse est fonction du matériau et du tressage : nombre, diamètre, et angle de torsion des filaments composant la tresse. Avec un fil souple, le noeud est facile à mettre en place et est moins traumatique. Les fils tressés sont plus souples et ont dans l’ensemble moins de mémoire que les monofilaments, ce qui les rend plus maniables. Le fil de référence pour la souplesse est la soie.  La coloration du fil permet son repérage dans le champ opératoire et au besoin la distinction des différentes sutures. Mais un fil incolore est utile pour les sutures résorbables intradermiques car elles ne seront pas visibles. La souplesse du fil est très appréciée par le chirurgien, car elle facilite la réalisation et la précision de la suture.  Caractéristiques biologiques des fils : réaction tissulaire locale Tout fil de suture est identifié par le système immunitaire comme un corps étranger et la réponse inflammatoire à son égard est décrite comme une réaction à un corps étranger. La sévérité et la durée de la réaction dépendent de la nature du fil, de sa texture, du degré de traumatisme tissulaire occasionné, de la longévité in situ de la suture. La réaction inflammatoire est fonction de la quantité de matériel et donc du nombre et du volume des noeuds. Un des principes de la suture chirurgicale est donc d’allier sécurité de la suture et quantité de matériel minimale. Si la réponse inflammatoire est intense, la suture peut se fragiliser ou les tissus s’altérer autour de la suture. Un degré d’inflammation est nécessaire à une cicatrisation normale. Cependant, une suture entraînant une réaction inflammatoire sévère et prolongée peut retarder la cicatrisation et peut rendre la plaie plus exposée à l’infection. Les ligatures résorbables Le fil résorbable disparaît dans le temps de la cicatrisation des tissus, suppléant progressivement le rôle mécanique de la ligature. Il faut distinguer dans le cas des fils résorbables la perte de résistance à la traction et la résorption. La perte de résistance mesure la diminution de la solidarité du fil dans le temps. La ligature doit avoir une résistance suffisante pour assurer le maintien des tissus pendant toute la phase de cicatrisation. La résorption traduit la disparition de la masse du fil, donc à terme, l’absence de corps étranger dans l’organisme, ce qui ne peut être que bénéfique. Les fils résorbables d’origine naturelle sont assimilés par les enzymes du corps : réaction de protéolyse (catgut). Tandis que les fils résorbables synthétiques sont hydrolysés, avec une décomposition progressive du fil par l’eau. La protéolyse enzymatique est irrégulière ; elle dépend du site d’implantation du fil et de l’état du sujet (état infectieux). Plan superficiel à l’Ethilon 4/0 : surjet simple dans le sillon labiogénien, et points séparés sur la partie verticale dans la lèvre blanche. L’hydrolyse est plus régulière. Les sutures résorbables sont laissées en place. Elles se délitent le plus souvent par hydrolyse en un temps variant de 2 à 10 semaines en milieu humide et sont destinées à la réalisation du plan profond qui assure la solidité et la cohésion de la cicatrice. Elles peuvent de par leur souplesse et leur glisse atraumatique être utilisées pour le plan superficiel, ce qui permet le plus souvent de n’utiliser qu’une seule et même suture pour fermer les deux plans. Dans ce cas, elles doivent être retirées car elles ne peuvent être hydrolysées si elles sont à l’air. La ligature d’origine naturelle (= catgut) a été supprimée du marché pour raison d’encéphalopathie spongiforme bovine. Le catgut était constitué par des bandelettes de collagène provenant des tissus intestinaux de mammifères. Après détersion, dégraissage et désinfection chimique, les lanières des sousmuqueux d’intestins de moutons ou de la musculeuse des bovidés étaient torsadées. Puis la torsade était séchée et polie afin d’obtenir l’aspect d’un monofil. Après calibrage et stérilisation, on obtenait le catgut. Il pouvait être traité par le glycérol pour l’assouplir. Sa résorption s’effectuait par protéolyse non prévisible, impliquant les enzymes protéolytiques des macrophages. Elle provoquait une réaction inflammatoire intense moindre pour les petits calibres. Sa perte de résistance est totale dans un délai de 8 jours et il disparaît de l’organisme en une vingtaine de jours. De ce fait, il était très utilisé pour ligature et hémostase des petits vaisseaux.  Caractéristiques physiques des fils résorbables Les fils résorbables actuellement utilisés sont tous d’origine synthétique. Leur résorption s’effectue par hydrolyse progressive du polymère qui les constitue. • Résistance à la tension En chirurgie, un fil de suture a pour principale fonction de maintenir affrontées les berges d’une plaie pour lui conférer des conditions de cicatrisation optimales. Après cicatrisation, le fil n’a plus d’intérêt et se comporte comme un corps étranger. Aussi, une fois la cicatrisation obtenue, l’idéal est que ce fil se résorbe et disparaisse ou qu’il soit excisé. Les caractéristiques de la résorption des fils résorbables constituent un facteur de choix prépondérant, car elles influent sur l’évolution dans le temps de sa résistance à la tension. À décimale égale, il existe des différences de résistance d’un fil à l’autre en fonction de la composition et de la structure de ces fils. Différents travaux ont étudié ces différences pour les fils résorbables. Quatre fils résorbables synthétiques : deux fils tressés, la polyglactine 910 et l’acide polyglycolique, et deux fils monobrins, le polyglyconate et le polydioxanone ont été testés. In vitro, le polyglyconate (Maxon®) offre la meilleure résistance à la tension, suivi de la polyglactine 910 (Vicryl® Ethicon), puis du polydioxanone (PDS® Ethicon) et de l’acide polyglycolique (Dexon® plus). Les deux fils monobrins ont démontré une élongation considérable avant de casser. Le fait de tremper les fils au préalable dans une solution saline pendant 24 heures à température ambiante, fait diminuer la résistance de 4 à 13 %. Cette étude confirme la fragilisation des fils par la constitution des noeuds : l’addition d’un noeud réduit la résistance à la tension de 30 à 35 % pour tous ces fils. In vivo, la polyglactine 910 et l’acide polyglycolique perdent la moitié de leur résistance à la tension en 2 semaines et toute leur résistance en 4 semaines. Le polyglyconate et le polydioxanone résistent plus longtemps, ils perdent la moitié de leur résistance à la tension en respectivement 3 et 6 semaines. Les fils monofilaments, du fait de leur texture, offrent une plus petite surface à l’hydrolyse que les fils tressés. Il existe deux types de fils monobrins, les monobrins à résorption lente comme le polydioxanone et le polyglyconate, et les monobrins à résorption plus rapide comme le polyglécaprone 25 (Monocryl®). • Glissance Les fils monofilaments synthétiques résorbables offrent de bonnes caractéristiques de glissance et causent un traumatisme tissulaire minime du fait de la structure lisse du fil et de la bioabsorption graduelle. Le polydioxanone traverse très bien les tissus. Le fil d’acide polyglycolique traverse facilement les tissus mais peut les couper.  Les ligatures résorbables synthétiques Il faut distinguer : – les fils tressés qui servent également aux sutures muqueuses car non traumatisants pour les tissus fragiles. Ils donnent souvent des cicatrices momentanément épaisses et inflammatoires avec parfois de véritables granulomes de résorption (Vicryl®, Vicryl Rapide®). Leur coût est autour de 170 euros la boîte de 36, et de 270 euros pour le Vicryl Rapide® soit 7,50 euros par suture ; – les monofils sont mieux tolérés du fait d’un temps de résorption plus court et avec une glisse et une maniabilité supérieures pour l’opérateur (Monocryl®, Maxon®, PDS®, Biosyn®). Leur coût est plus élevé (autour de 185 euros la boîte de 36 et 190 euros pour le PDS® soit 5,20 euros par suture). • Ligatures résorbables synthétiques tressées – Acide polyglycolique (PGA) (Dexon®, Ercedex®, Ligadex®) Le PGA est un homopolymère de l’acide glycolique (ou acide hydroxyacétique). Le polymère se présente en granulés qui, extrudés en filaments, subissent un étirement à chaud. Il en résulte une orientation parallèle des chaînes moléculaires et donc une augmentation de la résistance mécanique du fil. Pour faciliter le glissement de la ligature dans les tissus, le coulissage des noeuds et diminuer la capillarité, les tressés sont enduits d’un produit hydrosoluble inerte. Ce revêtement disparaît de la surface de la tresse en 7 heures. Le Ligadex® perd 50 % de sa résistance en 15 jours et disparaît totalement en 60 à 90 jours. – Polyglactine 910 (Vicryl®) La résorption s’effectue par hydrolyse sous l’action de l’humidité donnant naissance à des métabolites physiologiques : acide lactique, acide glycolique. Cette absence de métabolites étrangers à l’organisme a pour conséquence une réaction tissulaire minime pendant la résorption et donc une très bonne tolérance de ces ligatures. La présence d’acide lactique dans la polyglactine augmente l’hydrophobie du copolymère et ralentit l’hydrolyse et donc la résorption dans un premier temps. Dans un deuxième temps, il y a accélération de la résorption de la masse du fil résiduel car l’eau pénètre plus rapidement au sein de la ligature grâce à l’espacement créé par le volume de la molécule d’acide lactique. Ceci confère à la polyglactine 910 le maintien de sa résistance dans un premier temps ; puis une résorption plus complète et plus rapide dans un second temps. Au 15e jour postopératoire, les ligatures synthétiques résorbables tressées ont pratiquement la même résistance résiduelle qu’un catgut de même diamètre le jour de son implantation. Le Vicryl® traité conserve 55 % de sa résistance au 15e jour et 21 % au 21e jour. La perte de masse s’effectue au bout de 90 jours. • Ligatures synthétiques résorbables monofils : polydioxanone (PDS®), polyglyconate ou GTMC (Maxon®) La synthèse d’un monofilament représente un progrès chirurgical car la structure monofilament facilite le passage intratissulaire et supprime le phénomène de capillarité. La résorption des monofils se fait par hydrolyse et leur tolérance est excellente. In vitro, le PDS® conserve 70 % de sa résistance initiale après 2 semaines, 50 % après 4 semaines et sa résorption est complète en 180 jours environ. Le Maxon®, in vitro, conserve 55 % de sa résistance initiale après 3 semaines et sa résorption est complète en 180 jours environ. • Indications principales des ligatures synthétiques résorbables Dans tous les cas, la résistance de la ligature choisie doit être supérieure à la période de cicatrisation. Le Vicryl® résorption rapide s’utilise pour la fermeture du plan cutané superficiel. Il s’élimine naturellement entre 12 et 15 jours. L’ablation des fils n’est plus nécessaire.  Les ligatures non résorbables  Nous poursuivons et terminerons ce tour d’horizon par l’exposé des ligatures non résorbables, des aiguilles et des conditions générales d’utilisation et de conditionnement des ligatures.  Les fils non résorbables stériles introduits dans un organisme vivant ne sont pas métabolisés. Ils se présentent sous forme de monofilaments cylindriques ou multifils, eux-mêmes constitués de fibres élémentaires, qui une fois assemblées, peuvent être retordues, câblées ou tressées, éventuellement gainées. Ils peuvent être traités de façon à les rendre non capillaires. Ces fils peuvent être teints par des colorants ou pigments autorisés. Les sutures non résorbables utilisées en dermatologie sont le plus souvent des monofils de Nylon. Figure. Mélanome intraépithélial de Dubreuilh  de la joue gauche. A gauche :  Plan profond au PDSII 4 et 3/0, puis plan superficiel : surjet simple au Filapeau 3/0. A droite :  Ablation des fils à J8, exérèse dont les marges sont incertaines. Ils sont destinés aux sutures superficielles (Ethicrin®, Ethylon®, Flexocrin ®). Leur coût avoisine 100 euros la boîte de 36. Le Prolène® est un monofil original par son caractère amorphe avec une inertie comparable à l’acier, parfaitement toléré et n’entraînant pas de rejet. Cette qualité peut être utile, par exemple en chirurgie palpébrale, pour des points profonds d’ancrage que l’on ne veut pas voir se résorber pour éviter qu’un lambeau n’entraîne un ectropion de par son poids. Son prix avoisine les 140 euros la boîte de 36, soit 3,90 euros la suture. Les ligatures non résorbables d’origine naturelle  Le lin Le fil de lin stérile est constitué par les fibres péricycliques de la tige de Linum usitatissimum L. Ces fibres élémentaires, d’une longueur de 2,5 à 5 cm, sont assemblés en faisceaux de 30 à 80 cm, puis en fils continus de diamètre approprié. Très solide, le lin présente une remarquable tenue des noeuds. C’est un fil capillaire provoquant une réaction tissulaire importante. Sa régularité de résistance est améliorée par sa conservation en milieu liquide.  La soie Les ligatures de soie tressées et traitées stérilement sont obtenues par tressage d’un nombre variable, suivant le diamètre désiré, de fils de soie décreusée provenant du dévidage des cocons du ver à soie (Bombyx mori L). Les soies tressées peuvent être teintées et traitées pour les rendre acapillaires par les silicones et les cires. Leur qualité principale est la souplesse : c’est la plus souple des ligatures chirurgicales. La soie présente aussi une bonne tenue des noeuds. Elle provoque une réaction inflammatoire au niveau des tissus. Elle se désagrège avec le temps, in vivo, on pourrait donc la considérer comme une ligature résorbable à long terme. Son indication principale concerne les localisations ophtalmologiques. Les ligatures non résorbables d’origine synthétique Les ligatures en polyamide (Nylon© et Perlon©) se présentent en monofilaments cylindriques tissés ou en fils tressés ou en fils légèrement tordus et gainés à l’aide d’une couche de la même substance. Les sutures en polyamide ont des applications très polyvalentes en raison de leur tolérance et maniabilité. Les polyamides se dégradent très lentement dans l’organisme (perte de résistance de 10 à 20 %). Le polyamide est surtout utilisé dans les sutures cutanées, vasculaires et plastiques. Les aiguilles Tous ces fils sont montés sur des aiguilles de forme et de taille variables, les plus utilisées en dermatologie étant des aiguilles courbes 3/8 à pointe triangulaire, qui possèdent une capacité de pénétration supérieure aux aiguilles traditionnelles. Les aiguilles serties prêtes à l’emploi remplacent de plus en plus les ligatures non montées. En effet, le passage dans les tissus d’un seul fil serti sur aiguille est moins traumatisant que celui de la double épaisseur du fil enfilé dans un chas. Le chas d’une aiguille serti peut être de type gouttière ou foré.  La pointe des aiguilles permet la traversée des tissus avec le minimum de traumatisme. Les pointes rondes et triangulaires sont utilisées dans plus de 75 % des cas. La pointe ronde favorise la pénétration dans les tissus par écartement des fibres sans les sectionner. Elle ne déchire donc pas les tissus mous et fragiles, mais son pouvoir de pénétration est limité dans les tissus denses comme la peau. La pointe triangulaire pénètre facilement dans les tissus serrés (peau, aponévrose) en sectionnant les fibres. Elles sont utilisées pour la peau et les muscles. Il existe aussi des aiguilles à section composite type tapercut, avec une pointe triangulaire suivie d’un corps d’aiguille rond. Le diamètre des aiguilles varie avec leur longueur par 5/100 de mm, de 20/100 à 120/100 de mm, calibre ajusté exactement à celui du fil.  Le corps des aiguilles ne doit pas se tordre, ni se casser et doit avoir un polissage résistant au mors du porte-aiguille. Il est en acier au carbone, acier inoxydable ou autres alliages complexes. Il présente des formes variées : rond en général, ou carré, améliorant la rigidité. Il peut être aplati, strié longitudinalement pour en faciliter la préhension dans le porteaiguille. La fabrication des aiguilles se fait à partir de fils d’acier de diamètre précis sectionnés à la longueur souhaitée. La forme des pointes est matricée et meulée. L’aiguille subit ensuite une succession de traitements thermiques délicats pour obtenir sur sa longueur des zones de trempe et de détrempe de l’acier (acier très dur à la pointe et zone de sertissage assez malléable pour bien fixer le fil). L’aiguille subit ensuite polissage, nettoyage, sertissage et stérilisation. Utilisation et conditionnement des ligatures  Le calibre des fils est variable selon les contraintes auxquelles ils vont être soumis. Le diamètre de la suture est proportionnel à sa résistance. Le choix se fera en fonction de l’épaisseur de la peau et de la traction attendues, qui dépend de la taille de la perte de substance et du jeu musculaire loco-régional. On utilise en règle générale pour les non résorbables du 6/0 ou Dec 0.7 sur les paupières, du 5/0 ou Dec 1 sur le reste du visage, du 4/0 ou Dec 1.5 sur le reste du corps, du 3/0 ou Dec 2 pour les ongles et le scalp. Pour les résorbables, trois tailles sont habituellement suffisantes en fonction des situations : le 3/0 en zone de fortes contraintes (dos) ; le 4/0 en zone de contraintes moyennes (membres), le 5/0 en zone de contraintes légères (visage).  Les délais d’ablation sont importants. Pour les sutures en un plan superficiel, les délais habituels sont de 4 à 5 jours pour les paupières, 7 jours pour le visage, 15 jours pour le tronc et les membres et 3 semaines pour les pieds. Pour les sutures en deux plans, le plan superficiel peut être enlevé plus précocement selon la localisation. Lorsque le plan profond est parfait, une suture superficielle n’est pas toujours indispensable et peut être faite par des strips.  Le conditionnement des sutures stériles assure la conservation de la stérilité, le maintien de l’intégrité des caractères physiques, et permet son utilisation dans des conditions aseptiques. Pour respecter ces objectifs, le conditionnement est fait d’un protecteur individuel de stérilité et d’un emballage de protection. Le protecteur individuel de stérilité, c’est la barrière aux microorganismes qui sépare la ligature de l’air ambiant. Il peut s’agir d’un tube long scellé ou d’un blister pelable. Le plus utilisé est le sachet pelable double face plastique ou face papier/face plastique. L’emballage peut être double ; le sachet permet la résistance aux conditions de stockage. L’étiquetage comporte : la résistance ; les caractéristiques dimensionnelles de la ligature (diamètre, longueur) et de l’aiguille (forme pointe, longueur) ; la référence, le nom commercial et la nature du fil ; le numéro de lot ; la date de péremption ; le nom du laboratoire fabricant.  Deux modes de stérilisation sont utilisés : l’oxyde d’éthylène le plus souvent et les rayonnements ionisants. Cette dernière méthode n’est pas applicable au polypropylène et aux synthétiques résorbables. La date de péremption ne peut excéder 5 ans à partir de la date de stérilisation. Conclusion Il est difficile de trouver un fil de suture idéal, réunissant toutes les propriétés nécessaires à l’obtention d’une cicatrisation optimale. Il doit maintenir une résistance à la tension en accord avec les contraintes s’exerçant sur la plaie opératoire, être maniable et présenter une bonne sécurité au noeud. Il doit être acapillaire, non allergénique, non carcinogène. Il doit être compatible avec les tissus de manière à limiter au maximum la réaction tissulaire locale et la réponse immunitaire. Il doit pouvoir être résorbé une fois la cicatrisation bien avancée ou être encapsulé sans complications postopératoires. Les conditions du milieu, présence de liquides corporels (sérum, pus, etc.) ou d’une inflammation, ne doivent pas affecter excessivement sa vitesse de résorption. Les produits de dégradation doivent être non toxiques. Ce fil doit enfin être disponible aisément, à bas coût et facilement stérilisable. Chaque fil n’excelle pas dans tous les domaines. Les fils monobrins semblent préférables dans l’ensemble, mais ils sont plus onéreux.

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