Comment intégrer la médecine anti-âge dans son activité ?

Quand je me suis installée, en 1982, on ne pratiquait pas beaucoup la médecine anti-âge ou esthétique pour la bonne et simple raison que l’on n’avait pas grand-chose à disposition. Nous avons abordé la dermatologie esthétique peu à peu, au fur et à mesure de l’arrivée des nouvelles technologies. Quand on voulait faire de l’esthétique, on allait voir un chirurgien esthétique ou un dermatologue. Au départ, on réalisait des nettoyages de peau, des peelings à la résorcine, des épilations électriques ; on prodiguait des conseils en cosmétiques et, quand j’y repense, tout cela ne coûtait pas bien cher et faisait partie intégrante de notre pratique dermatologique. Aujourd’hui, les jeunes dermatologues se posent plein de questions, car il y a pléthore de techniques, de machines et surtout tout cela coûte très cher. De plus, les médecins esthétiques sont de plus en plus nombreux. Alors, comment faire pour intégrer cette médecine anti-âge, qui est aujourd’hui très demandée, et qui est plus que jamais du ressort de la dermatologie ? Il faut partir de notre pratique quotidienne et de la demande de nos patients. Et surtout, garder notre éthique de dermatologue, c’est-à-dire réfléchir et proposer un soin en fonction de la demande et de l’indication.   Cosmétologie   La base de tout, c’est la cosmétologie. En effet, nous conseillons très régulièrement nos patients pour des crèmes dermatologiques et nous pouvons aussi nous former dans les actifs anti-âge, et même les vendre avec une gamme autorisée ou les conseiller sur ordonnance. Les patients sont très demandeurs de conseils, car, en pharmacie, ils ne savent plus à quel saint se vouer.   Traitements anti-âge   Les traitements anti-âge concernent les rides, le relâchement et les taches. Et bien entendu aussi, la protection solaire, les crèmes solaires étant les premières à prescrire en anti-âge. Si l'épilation laser était beaucoup pratiquée par le dermatologue, la concurrence est telle qu’il faut aujourd’hui – et ce, d’autant plus depuis la publication le 24 mai 2024 du décret autorisant les infirmiers et les esthéticiens à pratiquer des actes d’épilation à la lumière pulsée – s’orienter vers d’autres soins plus personnalisés : peelings, radiofréquence, ultrasons ou LED. Les peelings sont donc les premiers soins à proposer. Bien connus des dermatologues, ils ont plusieurs avantages – faciles à réaliser, pas chronophages, très peu onéreux – et sont à suggérer en anti-aging pour des patientes qui ont une peau tendance mixte/grasse/antécédents acné/taches. La radiofréquence est également facile à conseiller. Utilisée en dermatologie en mode micro aiguilles, elle peut améliorer certaines cicatrices, traiter les ridules et le relâchement du visage. Le coût d’une machine est raisonnable, environ 50 000 euros TTC avec toutes les options. Les ultrasons auront un effet liftant sur l’ovale du visage, mais ils nécessitent un investissement financier plus conséquent. Les LED, en revanche, sont peu onéreuses et fonctionnent de manière autonome après leur mise en route. Elles servent énormément en soin médical et en association à d’autres traitements anti-âge ; c’est le premier investissement à faire ! De nombreux dermatologues utilisent une LED rouge pour traiter des kératoses en PDT mais n’y recourent pas pour freiner la chute des cheveux ou pour son action anti-inflammatoire. Une machine coûte entre 15 000 et 20 000 euros, mais, elle peut s’acheter d’occasion.   Dermatologie esthétique et injections   N’oublions pas que, nous, dermatologues, disposons du traitement incontournable qu’est la toxine botulique, laquelle fait des miracles par injections ciblées pour lisser les rides d’expression. Le visage sera ainsi plus détendu, moins fatigué de façon très naturelle, sans nécessiter beaucoup de temps pour réaliser ces injections. La toxine sera aussi très efficace et facile à injecter pour l’hyperhidrose axillaire. En parallèle, pour une prise en charge globale de rajeunissement, les injections d’acide hyaluronique sont le traitement de choix pour combler les rides, hydrater la peau en profondeur, restructurer des volumes, remodeler les lèvres… Que de chemin parcouru depuis le démarrage de la dermatologie esthétique ! En conclusion, il faut retenir qu’il est possible d’obtenir de très bons résultats et de répondre aux différents besoins de nos patient(e)s avec des techniques simples, rapides, efficaces et le plus souvent peu onéreuses, mais qui nécessitent dans tous les cas une formation indispensable, sérieuse et encadrée. Aujourd’hui, si les dermatologues sont très demandés médicalement, il est possible de prendre un(e) assistant(e) pour dégager du temps et faire un peu d’esthétique et aussi lui confier quelques soins qui peuvent être délégués avec l’accord de la MACSF, comme les peelings ou la radiofréquence, et ce, avec un avantage financier appréciable, et un remboursement facile du crédit. Ne pas oublier de déclarer les activités et les soins délégués.