Publié le 30 avr 2025Lecture 3 min
Impact des comorbidités rhumatologiques sur le fardeau de l’hidradénite suppurée
Catherine FABER, d’après la communication de Patricia Garbayo-Salmons

De nombreuses études ont été présentées lors de la 14e conférence de la Fondation européenne de l’hidradénite suppurée (EHSF). L’une d’entre elles fournit un éclairage sur les liens entre cette dermatose et les pathologies inflammatoires rhumatismales. Son objectif principal était de comparer le fardeau des patients selon que l’HS est isolée ou non.
L'association potentielle entre l’hidradénite suppurée (HS) et les rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) a fait l’objet de deux méta-analyses récentes. Elles montrent, d’une part, que la prévalence des RIC est plus élevée chez les sujets atteints d’HS que dans la population générale(1) et, d’autre part, que ces patients ont globalement 3,4 fois plus de risque de développer un RIC(2). Cependant, l’interprétation des conclusions se heurte au manque d’hétérogénéité des critères de diagnostic des pathologies inflammatoires rhumatismales dans les études publiées. Les recommandations européennes 2024 sur la prise en charge de l’HS(3) préconisent tout de même de rechercher une spondylarthrite en cas de symptômes ostéo-articulaires, particulièrement de lombalgies, avec un niveau de consensus fort. Les données actuelles sur les caractéristiques cliniques des patients présentant une HS et une pathologie inflammatoire rhumatismale concomitantes restent toutefois limitées. Une équipe espagnole s’est penchée sur la question à travers une étude multicentrique rétrospective cas-contrôles menée sur 272 patients de 16 ans ou plus : 69 atteints d’une HS et d’un RIC (les cas) et 203 avec HS isolée appariés par sexe et durée de la maladie (les contrôles). Les diagnostics ont été faits par le spécialiste concerné.
Il existe des différences de certaines caractéristiques entre les deux populations de patients avec une prédominance statistiquement significative des HS au stade Hurley I chez les cas et de Hurley II chez les contrôles. Sur le plan clinique, le phénotype inflammatoire est le plus fréquent dans les deux groupes (56,7 % chez les contrôles et 44,9 % chez les cas) par comparaison aux phénotypes folliculaire et mixte. Le fardeau de la maladie a été évalué lors de visites successives effectuées au cours des trois années précédant l’inclusion. Il est plus important lorsque l’HS est associée à un RIC. Plusieurs éléments contribuent à cet impact négatif de la coexistence d’une pathologie rhumatismale. Le premier est la plus grande fréquence de l’association avec une autre affection inflammatoire comme les maladies intestinales chroniques inflammatoires (OR : 9,44) et le psoriasis (OR : 2,99), et avec la dépression (OR : 2,51). Les patients du groupe cas ont également une plus mauvaise qualité de vie que les contrôles (DLQI global moyen significativement plus élevé), un recours plus important aux traitements biologiques (72,1 % versus 39,9 %) et davantage de consultations dermatologiques programmées ou imprévues (7 versus 5 chez les contrôles ; différence significative). Les affections rhumatismales les plus fréquemment associées à l’HS sont la spondylarthrite ankylosante (SA) périphérique (36,2 %) suivie de la SA axiale (26,1 %) et de la polyarthrite rhumatoïde (PR) (18,8 %). Une différence significative de la sévérité de l’HS a été constatée uniquement chez les patients avec SA périphérique. Par ailleurs, il s’est écoulé en moyenne 5,8 ans entre les diagnostics de l’HS et du RIC. Chez 46,4 % des patients avec HS et RIC, le premier diagnostic a été celui de la pathologie dermatologique. D’après les données de la cohorte hospitalière de l’équipe (n = 3 644 patients), la prévalence globale des RIC dans l’HS est de 1,7 % et varie entre 0,4 et 4 % selon les centres. Les chiffres rapportés dans la littérature vont de 0,8 à 5,2 %(1).
Ce travail a des limites liées entre autres à son caractère rétrospectif et au recrutement exclusivement hospitalier. Ses résultats justifient néanmoins la nécessité de sensibiliser à la fois les dermatologues et les rhumatologues au dépistage précoce des arthrites inflammatoires chez les patients atteints d’HS, et l’intérêt du développement des consultations interdisciplinaires.
D’après la communication de Patricia Garbayo-Salmons (Sabadell, Espagne), lors de la 14 th Conference of the European Hidradenitis Suppurativa Foundation (EHSF), février 2025.
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