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Cheveux, Poils, Ongles

Publié le 10 mai 2009Lecture 7 min

Épilation par l’association lampe pulsée-radiofréquence

J.-R. MANCIET, D. DEBRAY, Paris

Quelle que soit la technique utilisée dans l’épilation, les médecins doivent rester attentifs à la nécessité de fournir une information précise aux patients, distinguant clairement « les données acquises de la science » et les « voies de recherche ». Il existe plusieurs modes de réduction durable de la pilosité, dont certains sont anciens (électrolyse), ou plus récents (lasers, lampes flash (a)). L’association lampe pulsée et radiofréquence est une technique originale dont l’efficacité a été revendiquée plus récemment.

Le respect de l’article R.4127-14 du code de la santé publique qui dispose que « Les médecins ne doivent pas divulguer dans les milieux médicaux un procédé nouveau de diagnostic ou de traitement insuffisamment éprouvé sans accompagner leur communication des réserves qui s'imposent » est une condition utile pour y parvenir. L’électrolyse réalise une épilation par échauffement liée à un flux d’électrons. Bien que ne bénéficiant pas d’études présentant un niveau de preuve satisfaisant, elle est considérée de manière consensuelle comme une méthode efficace, du fait de l’important recul disponible. Le laser et les lampes pulsées font à ce jour l’objet de 436 publications indexées par Pubmed. Prise individuellement, aucune étude ne répond aux exigences de la Haute Autorité de Santé (HAS) : puissance statistique et/ou design de l’étude. Il en est de même pour les méta-analyses. Toutefois, les revues de la littérature considèrent ces techniques comme efficaces, s’appuyant sur la convergence des résultats cliniques (b) Le mécanisme d’action Les différentes théories attribuent l’efficacité de l’épilation par laser ou lampe pulsée à la photothermolyse sélective du bulbe (et pour certaines du bulge, bien qu’il soit à distance de la tige pilaire), qui résulte de l’absorption sélective par l’eumélanine (mélanine noire ou brune) de photons de 694 à 1 064 nanomètres déposés sur la peau. L’absorption de ces photons est minime quand les poils contiennent de la phaeomélanine (poil roux) et nulle s’ils ne contiennent pas de mélanine (poil blanc). Ce mécanisme d’action comporte toutefois des zones d’ombre, notamment avec des cas de stimulation pilaire (5 % en moyenne et près de 100 % sur certaines zones) et des échecs thérapeutiques, bien que toutes les conditions connues de réussite aient été réunies. Le cycle pilaire La connaissance du cycle pilaire est un élément déterminant de l’efficacité de l’épilation durable par source de lumière, puisque toutes les techniques actuelles ne détruisent a priori que le bulbe d’un follicule en phase anagène. Ces notions soulèvent plusieurs questions : connaît-on le cycle pilaire chez un individu ? Les données de la littérature sont-elles fiables ? Pour un individu donné, la durée des différentes phases du cycle pilaire dépend des saisons, du patrimoine génétique, de l’âge, de la zone anatomique et de facteurs hormonaux. Les résultats des différentes études – qui restent anciennes – montrent une grande variabilité des cycles selon les personnes et selon les études (tableau). Elles font apparaître que l’on ne peut présenter sans réserves exhaustives un « tableau-type » de cycle pilaire.   La technologie ELOS, Syneron Medical Ltd De très rares études font état d’une certaine efficacité dans l’épilation sur les poils clairs et blancs par l’association de la radiofréquence et d’une lampe pulsée (technologie ELOS, Syneron Medical Ltd). Cette technologie repose sur l’association d’une technique d’électrolyse dite radiofréquence (RF) et d’une lampe flash. La composante RF résulte d’un flux d’électrons (c) émis sur un mode bipolaire à 1 MHz par deux électrodes posées sur la peau à une distance de 8 mm. Le courant généré permettrait une augmentation de température 4 fois plus élevée 100 μm autour de la tige pilaire, sur 4 mm de profondeur (d). La composante lampe flash émet entre 580 nm et 980 nm et permet de préchauffer le poil afin de diminuer la résistivité des tissus entourant la tige pilaire, la baisse de résistivité étant supposée favoriser sélectivement la circulation des électrons autour du follicule pileux. Toutefois, les rares études publiées sur la technologie ELOS n’apportent pas de précisions permettant de fournir au sens de la HAS la preuve du gradient de température revendiqué, entre la surface et la profondeur de 4 millimètres. Avant de s’avancer sur cette technologie, il conviendrait de proposer :  un modèle physique permettant d’expliquer que, dans des conditions de température et de résistivité constantes, le flux d’électrons arraché par la différence de potentiel suivrait électivement une trajectoire longue balayant du bas au haut les tiges pilaires, de préférence à une trajectoire courte balayant le haut des tiges pilaires ;  une explication au fait que les électrons seraient arrachés électivement à 4 mm de profondeur, et non dans les zones périfolliculaires plus superficielles de plus faible résistivité. En effet, le segment haut de la tige pilaire étant porté par la lampe flash à température plus élevée (e) que le segment profond, la résistivité est plus faible en surface qu’en profondeur ;  une explication au mécanisme d’action sur les poils blancs sur lesquels la composante optique d’échauffement par la lampe flash est inexistante, et sur les poils roux où elle est quasi inexistante, seule la composante RF étant active ; Une seule étude où les auteurs n’ont aucun conflit d’intérêts avec Syneron a été publiée récemment (1). Ces auteurs ont pratiqué 3 séances avec le système Aurora (technologie ELOS, Syneron Medical Ltd) avec évaluation de la diminution de la densité pilaire à 3 mois. Les zones traitées étaient la lèvre supérieure (n = 21), le menton (n = 11), les joues (n = 8) et le cou (n = 5). Les résultats ont montré de mauvais résultats (0 à 25 %) chez 22,2 % des patients, modérés (26 à 50 %) chez 28,9 %, bons (51 à 75 %) chez 46,7 % et excellents (76 à 100 %) chez 2,2 % des patients. Il n’y avait pas de différence entre poils clairs et poils noirs, poils épais et fins. On remarquera que cette étude non contrôlée ne permet pas de conclure, sa puissance statistique étant insuffisante et son design mêlant des zones non comparables. Conclusion Il apparaît ainsi nécessaire, avant de présenter sans réserves la technologie ELOS, Syneron Medical Ltd comme une alternative à des technologies plus établies, de mener des études prospectives contrôlées sur des effectifs suffisants entre lasers et lampes pulsées d’une part, et l’association lampe pulsée-RF d’autre part. Il serait également nécessaire de formuler les hypothèses physiques susceptibles d’expliquer l’effet de l’association lumière pulsée-RF sur les poils blancs et roux, et éliminant un rapport risque-bénéfice défavorable à cette association (f). a. « Lampes flash », « lampes pulsées », « lumière intense pulsée » sont des synonymes pour la même technique de lampes flash délivrant des pulses intenses de lumière polychromatique (blanche), par opposition aux lasers délivrant des pulses intenses de lumière monochromatique. b. Aucune des études ne permet d’établir la supériorité d’une technique ou d’une longueur d’onde sur une autre, mais cette absence de preuve ne provient que de l’insuffisance des méthodologies employées (études non contrôlées, n < 20…). Ces techniques ne peuvent en conséquence être considérées comme équivalentes. c. D’où la classification dans les techniques d’électrolyse. d. Pour une énergie de 24 J et une surface de traitement de 3 cm2, l’augmentation de température serait égale à 5,6°C dans la peau contre 22°C autour de la tige pilaire. e. Selon leur longueur d’onde, les simulations selon la méthode de Monte-Carlo démontrent que dans la peau, seuls 15 à 25 % des photons atteignent la profondeur de 4 mm. f. Ce point est essentiel car l’échauffement électif de la surface par le flux d’électrons semble majorer le risque de brûlure cutanée entre les électrodes, le risque de brûlure au niveau même des électrodes étant connu.

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