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Maladie de système, Médecine interne

Publié le 17 fév 2010Lecture 4 min

Attention au scorbut !

A. CHALAL, Aix-en-Provence
La carence en vitamine C est loin d'avoir disparu chez les sujets âgés institutionnalisés ou isolés au domicile. Elle se présente avec des signes cliniques de scorbut le plus souvent atypiques. Il faut notamment y penser devant des hémorragies sous-cutanées spontanées. L’effet thérapeutique de la vitamine C est spectaculaire.
Historique La vitamine C a été le premier micronutriment dont la carence a été identifiée comme responsable d'une maladie nutritionnelle, le scorbut. Le scorbut affecta les marins dés le début de la marine. Les explorateurs, les soldats et les navigateurs ne pouvaient pas se nourrir normalement. Au XIIIe siècle à l'époque des croisades, il fit des ravages. En 1593, l'amiral Sir Richard Hawkins assista à la mort de près de 10 000 membres de son équipage. En 1498, Vasco de Gama perdit 100 de ses hommes en doublant le cap Horn. Il faillit en être de même au cours du second voyage de Jacques Cartier. Savoir penser au diagnostic Le scorbut doit être évoqué devant : - des troubles hémorragiques sous-cutanés (purpura ecchymotique, hématomes diffus, hémorragies périfolliculaires, resistance capillaire diminuée associés à un bilan d’hémostase non contributif) ; - des troubles des gencives : parodontolyse avec chute accélérée des dents, gingivite hypertrophique (parfois hémorragique) ; - des polyalgies à type de douleurs musculaires ou osseuses, majorées par la mobilisation ; - la constatation d’une hyperkératose folliculaire. Cependant, chez le sujet âgé polypathologique, la clinique peut être discrète (la gingivite si classique est absente chez le vieillard édenté) ou atypique avec des symptômes d’emprunt. Il faut savoir penser à la carence en vitamine C devant des signes peu spécifiques tels que : asthénie, dépression, anorexie, oedèmes des membres inférieurs et jambes lourdes. Une anémie normocytaire (voire macrocytaire) et des stigmates biologiques de dénutrition sont fréquemment associés. En absence de traitement, l'évolution peut se faire vers des hémorragies mortelles ou vers des ischémies myocardiques ou cérébrales. Prouver la carence en vitamine C Le taux plasmatique habituel de vitamine C est abaissé en sachant que la norme varie entre 6,2 et 14 mg/l. Plus fiable, le dosage de la vitamine C leucocytaire (dont la teneur normale est de 16 mg/100 ml de GB) n’est pas fait en routine. En fait, le critère diagnostique le plus utile semble être la réversibilité rapide des symptômes sous traitement. Évaluer le contexte Les habitudes alimentaires seront passées en revue à la recherche des carences nutritionnelles, notamment chez les sujet âgés institutionnalisés, isolés ou veufs.   À noter que l'alcoolisme peut aussi être un facteur de carence subclinique en vitamine C. Une carence en vitamine C a été également évoquée dans de nombreuses pathologies, telles que les maladies cardiovasculaires, la cataracte, les cancers des voies digestives supérieurs et du rectum. Traitement curatif Des doses quotidiennes de 100 à 200 mg permettent d'obtenir un effet maximal. L'effet thérapeutique est très rapide. Les signes cliniques disparaissent dès la première semaine de traitement. Il n'existe aucun effet indésirable, si on respecte les doses journalières recommandées. Toutefois en cas d'absorption massive de vitamines C, des brûlures gastriques ainsi que des diarrhées sont observées. Plus globalement, la dénutrition doit être corrigée. Quelle prévention ? L'apport nécessaire de vitamine C est obtenu chez l'adulte pour une alimentation comportant des aliments végétaux crus ou peu cuits. Les carences vitaminiques sont fréquentes sans qu'elles soient forcément symptomatiques. Le rôle de la précarité est important et des mesures sociales doivent êtres prises. Les résidents âgés en institution doivent faire l'objet d'un suivi régulier par des professionnels (diététiciens, cuisiniers sensibilisés à la nutrition, médecins) afin de lutter contre les états de carences et proposer une alimentation diversifiée et une supplémentation systématique chez les patients fragiles, édentés, grabataires ou isolés. Certaines circonstances justifient un apport complémentaire de vitamine C : - hémodialyse : 100 à 200 mg par jour ; - certaines chimiothérapies (sels de platine) : doses supérieures à 500 mg par jour indispensables.

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