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Congrès

Publié le 29 jan 2021Lecture 4 min

Quoi de neuf sur les toxicités cutanées des traitements oncologiques ?

Michèle DEKER, Paris
Quoi de neuf sur les toxicités cutanées des traitements oncologiques ?

La majorité des traitements utilisés en cancérologie possèdent une toxicité. Les toxicités cutanées sont fréquentes, avec un fort impact sur la qualité de vie. Elles peuvent conduire à la diminution de doses, voire à l’arrêt du traitement. Les dermatologues ont un rôle majeur dans leur prise en charge, en collaboration avec les oncologues. C’est dire l’importance des structures multidisciplinaires, comme celle mise en place à l’Institut Curie.

Un espace de soins est aménagé au sein de l’hôpital de jour de l’Institut Curie pour la prise en charge des toxicités cutanées, notamment du syndrome mains-pieds, en mitoyenneté avec la consultation infirmière pour la prise en charge des patients sous thérapie orale. Outre le poste de soins, cet espace dispose de nombreux outils de mesure généralement utilisés en cosmétologie, qui permettent de mieux appréhender la prise en charge des toxicités cutanées. Par exemple, le tapis de marche permet d’identifier des zones cutanées susceptibles de devenir des zones d’hyperpression générant un syndrome mains-pieds localisé. Cet espace réalise deux types d’activité : clinique et de recherche. L’activité clinique est transversale, en liaison avec la consultation infirmière et également mobile, au sein de l’hôpital de jour, notamment pour la prise en charge des onychopathies et paronychies induites par les traitements, de même qu’en pédiatrie ou en unité de recherche clinique pour la prise en charge des paronychies induites par les protocoles de recherche. L’objectif principal de cette prise en charge clinique est d’améliorer la qualité de vie des patients en prévenant les toxicités cutanées, en les dépistant précocement, et de travailler en pluridisciplinarité avec les dermatologues de l’Institut Curie. Deux études sont envisagées au cours de ce partenariat : une étude rétrospective, RETROSMP, et une étude, DERMACLIC, qui vient de débuter. RETRO-SMP est une étude rétrospective sur une cohorte de 1 015 patientes traitées du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2017 pour un cancer du sein par capécitabine. L’étude a montré une surexposition des patientes âgées (27 % des patientes avaient plus de 70 ans). Une patiente sur deux a développé un syndrome mains-pieds pendant la durée du traitement, 46 % de grade 1, 48 % de grade 2 et 6 % de grade 3. La toxicité cutanée a des répercussions sur le traitement par capécitabine chez 36 % des patients, entraînant une diminution de la dose dans 67 % des cas, et une suspension du traitement dans 33 % des cas. Au final, le syndrome mainspieds est la première toxicité responsable de l’arrêt du traitement par capécitabine, avant la toxicité digestive, cardiaque et hématologique. DERMACLIC, qui vient de débuter, est une étude prospective ayant pour objectif principal d’étudier les toxicités cutanées induites par les anticancéreux chez les patients traités pour un cancer du sein, du poumon, digestif et ORL. Il est prévu d’inclure 300 patients souffrant d’une maladie localisée, localement avancée ou métastatique, traités par chimiothérapie, thérapie ciblée, immunothérapie ou hormonothérapie. Chaque patient sera suivi pendant 8 mois avec une évaluation mensuelle durant les 4 premiers mois et une évaluation finale à M8. À l’inclusion, une évaluation clinique des atteintes cutanées avant traitement est prévue, de même qu’une évaluation de tous les paramètres cutanés, avant de suivre leur évolution. L’objectif principal est d’évaluer les toxicités sévères (grade > 2) à 8 mois après le début des traitements anticancéreux. D’autres objectifs secondaires sont de caractériser les paramètres cutanés en cas de toxicité sévère selon leur type et leur grade de sévérité, d’évaluer leur variation pendant le traitement, les conséquences de ces toxicités sur le schéma thérapeutique, la qualité de vie des patients à 8 mois, et de définir des profils de patients susceptibles de développer une toxicité cutanée sévère. Trois modalités d’évaluation seront utilisées : une évaluation clinique contrôlée par le dermatologue pour déterminer l’incidence des toxicités cutanées ; une évaluation des paramètres cutanés au moyen de divers instruments (échographe cutané, Cornéomètre®, pHmètre, Tewamètre®, colorimètre et plateforme podobarométrique) sur quatre zones définies par leur surexposition aux toxicités cutanées, le visage, le décolleté, la paume des mains et la plante des pieds. L’étude de qualité de vie fera appel au questionnaire SF36. L’un des objectifs étant d’améliorer la prise en charge des toxicités cutanées, un outil d’aide à la prescription a été élaboré à destination des soignants comportant un rappel sur la cosmétologie, sur les gradings des lésions cutanées et des conseils cosmétologiques en fonction des toxicités. Cet outil devrait améliorer les connaissances des équipes soignantes en cosmétologie, d’améliorer les prescriptions en cosmétologie selon le profil des patients et la prise en charge de ces toxicités cutanées.

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