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Congrès

Publié le 13 fév 2017Lecture 5 min

Cancers cutanés, spectre solaire et photoprotection

Denise CARO, Paris

La responsabilité des rayonnements ultra-violets (UV) dans la survenue des carcinomes épidermoïdes est parfaitement établie. Leur rôle dans la genèse des carcinomes basocellulaires et des mélanomes est plus complexe, mais existe néanmoins. Mieux comprendre les mécanismes de la carcinogenèse induite par le spectre solaire doit permettre d’optimiser la photoprotection. Si la limitation des expositions et les mesures vestimentaires restent au premier plan, l’utilisation de produits solaires à large spectre garde son intérêt.

UVB et UVA sont tous deux impliqués dans la carcinogenèse : les UVB de longueur d’ondes plus courte que les UVA agissent sur les kératinocytes et les mélanocytes épidermiques, alors que les UVA parviennent jusqu’au derme et interviennent à la fois dans la carcinogenèse et le vieillissement actinique. Les effets délétères des UV passent par deux mécanismes principaux : une action directe induisant des lésions de l’ADN (mutations, cassures) et une action indirecte via la production d’espèces réactives de l’oxygène (ERO) qui, à leur tour, créent des lésions au niveau de l’ADN, des lipides et des protéines. Les UVB et les UVA sont également responsables d’une immunosuppression qui intervient dans la carcinogenèse(1). Les UVB agissent surtout directement sur l’ADN (au niveau de la thymine et de la cytosine), engendrant des photoproduits (dont les dimères cyclobutanes – CPD –), responsables de mutations retrouvées dans les carcinomes épidermoïdes. Les UVA courts et longs (et probablement aussi la lumière visible et l’infrarouge) créent un stress oxydatif donnant lieu à la génération d’ERO. Une des principales mutations concerne la transversion GC en T-A. Les lésions engendrées diffèrent selon le type cellulaire : les kératinocytes sont plus vulnérables à l’action des CPD, alors que les mélanocytes sont davantage sensibles au stress oxydatif (ERO). Les mutations induites par les UVB concernent la couche superficielle de l’épiderme, alors que les mutations engendrées par les UVA se situent au niveau des cellules basales(2). Face à ces dégâts, la peau dispose de systèmes de réparation, complexes et interagissant les uns avec les autres. Les deux principaux sont le nucleotide excision repair (NER) et le base excision repair (BER). Toutefois, en cas d’exposition excessive, ces systèmes de défense naturels sont dépassés. Là encore, le rôle délétère des UVA doit être souligné : les systèmes de réparation les concernant sont moins efficients et plus lents que ceux ciblant les UVB. Et selon des données très préliminaires, ces systèmes naturels de réparation seraient dépendants de la chronobiologie avec des pics d’activité à certains moments du nycthémère(3). Enfin, l’immunosuppression induite par les UVB et les UVA relève de trois mécanismes : la déplétion des cellules de Langerhans au niveau de la peau, l’isomérisation de l’acide rétinoïque et la sécrétion de cytokines immunosuppressives (IL10) avec inversion du ratio Th1/Th2. Là encore, la production d’ERO joue un rôle central.   Quelle est l'efficacité des produits photoprotecteurs ? Ainsi, les progrès accomplis dans la compréhension du rôle joué par le rayonnement solaire dans la carcinogenèse démontrent clairement la nécessité d’une protection large incluant les UVB, les UVA courts et longs et peut être également la lumière visible et les infra-rouges (IR). On est loin des premiers produits photoprotecteurs apparus dans les années 30 avec les premiers congés payés dont le seul objectif était de prévenir les coups de soleil. Un produit protecteur solaire (PPS) doit aujourd’hui être rémanent, résistant à l’eau et à la sudation, être photostable et apporter une protection harmonieuse vis-à-vis des UVB et des UVA, avec un écart ne devant pas dépasser 3. L’utilisation régulière et correcte d’un PPS diminue l’incidence des kératoses actiniques et des carcinomes épidermoïdes ; cela vaut pour la population générale, mais aussi pour les patients immunodéprimés, transplantés ou atteints de xeroderma pigmentosum. Utilisé correctement, un PPS de protection faible à moyenne est suffisant(4). Chez l’enfant, l’utilisation de crèmes solaires diminue le développement de nouveaux nævi(5). Concernant le mélanome, un essai contrôlé a montré une réduction de 73 % de l’incidence des mélanomes invasifs chez les patients utilisant quotidiennement un PPS (d’indice 16) comparativement au groupe contrôle (application libre), au terme d’un suivi de 10 ans(6). Ces résultats ont ensuite été confirmés par d’autres travaux(7). La mise au point de produits photoprotecteurs repose sur l’association de filtres chimiques (appelés aussi organiques) ou minéraux (anorganiques) ciblant différentes longueurs d’onde. D’autres composés (vitamines, oligo-éléments, extraits végétaux, eaux thermales) peuvent être ajoutés pour majorer la protection vis-à-vis du stress oxydatif.   Un nouveau protecteur solaire en test Les résultats de travaux évaluant l’efficacité antioxydante d’un nouveau PPS ont été présentés par Daniel Bacqueville (chercheur Pierre Fabre Avène). Des tests ont été réalisés sur des épidermes humains reconstruits in vitro. Le produit à évaluer était appliqué à la dose de 2 mg/cm2. Les tissus, avec ou sans protection solaire, étaient ensuite exposés à un simulateur solaire ; puis 4 heures après, une série d’analyses biochimiques mesurant le stress oxydatif était effectuée. Les chercheurs ont observé sur les épidermes non protégés une augmentation du malondialdéhyde (MDA) – témoin du stress oxydatif et de la peroxydation des lipides –, et une chute de la catalase associée à une élévation de la superoxyde dismutase (SOD) – témoins de l’activation des mécanismes de défense. En revanche, sur les peaux protégées, l’élévation du MDA était nettement moindre, le taux de catalase était préservé, il n’y avait pas d’augmentation compensatoire de SOD, et le taux intra - cellulaire de glutathion était maintenu. Dans un deuxième temps, des tests ont été réalisés en collaboration avec le Pr Jürgen Lademann (Charité, Berlin), afin d’évaluer si la formule protégeait également du stress oxydatif généré spécifiquement par le rayonnement visible et IR. Pour cela, une technique de résonance paramagnétique électronique permettant de détecter la formation d’ERO a été utilisée. L’expérience était réalisée sur des explants de peau de porc, traités par le produit évalué, l’excipient seul, ou non traités, avant irradiation. Les résultats ont mis en évidence : un haut niveau de stress oxydatif dans les échantillons contrôle non traités, une réduction de 23 % du signal d’ERO dans le groupe excipient et une réduction de 41 % dans le groupe PPS. L’ensemble de ces tests montre que la formule solaire protège la peau contre le stress oxydatif induit par le rayonnement solaire dans le spectre UV et visible/IR. Elle permet ainsi de maintenir la balance d’oxydoréduction, en protégeant la peau du stress oxydatif. Des travaux antérieurs avaient montré que ce nouveau PPS prévenait la formation des lésions d’ADN engendrées par le rayonnement solaire(8). Les Laboratoires Avène proposeront courant 2017 cette nouvelle formule dans un dispositif médical solaire (SunsiMed) pour prévenir l’apparition des cancers cutanés.   D’après un symposium organisé par les Laboratoires Avène avec la participation du Pr M.-T. Leccia (Grenoble), du Pr J.-L. Schmutz (Nancy) et de D. Bacqueville (chercheur Pierre Fabre Avène, Toulouse)

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