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Cheveux, Poils, Ongles

Publié le 03 fév 2015Lecture 3 min

Nodules alopéciants et aseptiques du scalp

Y. BOUREZANE, Besançon

Le NAAS (nodules alopéciants et aseptiques du scalp) est une pathologie relativement rare dont la fréquence est probablement sous-estimée. La présentation clinique particulière (nodules
alopéciques de la région occipitale ou du vertex chez un homme d’âge moyen), l’aspect trichoscopique de crêpe orientale avec comédons, et l’histologie (granulome profond non suppuratif lymphohistiocytaire) sont les principaux éléments permettant le diagnostic de cette affection.

Le NAAS est une entité décrite pour la première fois en 1992 au Japon par Iwata et coll.(1), sous la dénomination de pseudokystes du scalp, puis en France en 2009 par Abdennader et coll.(2), qui suggèrent la dénomination de nodules alopéciants et aseptiques du scalp (NAAS). En 2011, ces mêmes auteurs publient une étude prospective(3) chez 15 patients en précisant les principales caractéristiques épidémiologiques, cliniques, histologiques et thérapeutiques de cette affection. Le NAAS survient le plus souvent chez l’adulte jeune (30 ans) majoritairement de sexe masculin, d’origine caucasienne, asiatique ou africaine. Il s’agit cliniquement de nodules le plus souvent asymptomatiques, parfois légèrement douloureux, uniques ou multiples, mais peu nombreux (1 à 3 nodules en moyenne) siégeant électivement sur le vertex et la région occipitale (figures 1 et 2). Ces nodules en dôme ne sont pas confluents et sont entourés d’un scalp normal donnant une image « d’un ou de plusieurs îlots entourés d’une mer calme ». Ils s’accompagnent d’une alopécie non cicatricielle (figure 3). La ponction du ou des kystes ramène un liquide citrin ou purulent mais stérile.   Figure 1. Nodules alopéciques occipitaux.   Figure 2. Nodules alopéciques en dôme du vertex.   Figure 3. Alopécie non cicatricielle avec présence d'orifices folliculaires.   Récemment, nous avons décrit(5) deux signes trichoscopiques retrouvés chez 5 patients atteints de NAAS : le signe de « la crêpe orientale » et « l’aspect de comédons ». Le signe de la crêpe orientale se traduit par la présence d’orifices folliculaires dilatés de tailles variables (figures 4 et 5) sans aucun autre signe trichoscopique de pelade (pas de cheveu en point d’exclamation, pas de points noirs, pas de cheveu duveteux ni de points jaunes). Le deuxième signe trichoscopique observé dans cette affection est la présence de comédons sur les zones alopéciques (figure 6), pouvant renforcer l’hypothèse pathogénique du rôle de l’occlusion folliculaire dans le NAAS. Le diagnostic différentiel se pose essentiellement avec la cellulite disséquante du scalp, qui se caractérise par des nodules allongés et confluents avec un cuir chevelu inflammatoire, voire cérébriforme, et suppuratifs à l’origine d’une alopécie cicatricielle. L’image trichoscopique dans ce cas se caractérise par la présence de « points jaunes en 3D » et des points noirs. À un stade avancé de la maladie, l’aspect trichoscopique est celui d’une alopécie cicatricielle avec de larges zones blanches contenant peu d’orifices folliculaires témoins de la fibrose cicatricielle. Sur le plan histologique, on relève la présence d’un granulome non spécifique, lymphohistiocytaire profond, subaigu, bien limité et non suppuratif contrairement aux granulomes observés dans la cellulite disséquante du scalp où l’aspect est très suppuratif, riche en neutrophiles et fibrosant, aboutissant à une alopécie cicatricielle. L’étiologie est inconnue, mais l’hypothèse de l’occlusion folliculaire ou celle d’une réaction immunologique restent les plus évoquées à ce jour. Il n’y a pas, a priori, d’association entre le NAAS et l’acné conglobata ou l’hidradénite suppurative. Sur le plan thérapeutique, la ponction des kystes, suivie d’une antibiothérapie par doxycycline à raison de 100 mg/jour pendant 3 mois, constitue le meilleur traitement du NAAS avec possibilité de repousse des cheveux. L’injection intralésionnelle de corticoïdes est une bonne alternative thérapeutique. La récidive des lésions est possible.   Figure 4. Signe de la crêpe orientale avec élargissement des orifices folliculaires.   Figure 5. Crêpe orientale.   Figure 6. Aspect de comédons en trichoscopie.

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