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Dermatologie pédiatrique

Publié le 31 mai 2025Lecture 4 min

Prise en charge des verrues et du molluscum contagiosum de l’enfant

Catherine FABER, d’après la communication de Frédéric Cambazard (CHU de Saint-Étienne)

Comme toutes les infections virales, les verrues et le molluscum contagiosum régressent habituellement spontanément. Un traitement peut néanmoins être envisagé dans certains cas. Les possibilités thérapeutiques sont multiples et variées et doivent être utilisées avec discernement.

Les verrues et le molluscum contagiosum sont dus respectivement à un papillomavirus humain (HPV) et à un poxvirus. Dans la première de ces infections cutanées, la guérison a lieu au cours des deux premières années chez deux tiers des enfants. Dans la seconde, la régression spontanée se produit en l’espace de quelques mois à un an. Elle est d’autant plus rapide que les éléments sont nombreux et inflammatoires. Les manifestations cliniques des verrues varient selon leur topographie : – les verrues vulgaires (HPV de types 2 et 4) siègent sur les mains ; – les myrmécies (type 1) ou les verrues en mosaïque (type 2), sur la plante des pieds ; – les verrues filiformes (type 2) ou les verrues planes (type 3), sur le visage ; – les condylomes acuminés (types6 et 11), sur les muqueuses urogénitales. Le molluscum contagiosum se manifeste par des petites papules translucides de quelques millimètres de diamètre avec une ombilication centrale.   Des verrues plantaires aux condylomes acuminés   Il est important d’expliquer aux parents la physiopathogénie des verrues pour qu’ils puissent comprendre le traitement à réaliser ou les raisons de l’abstention thérapeutique. Les verrues plantaires entraînant une douleur à la marche justifient un traitement. Du fait de leur profondeur, les applications d’azote liquide sont particulièrement douloureuses, inefficaces et, de plus, peuvent favoriser leur extension superficielle. Les techniques d’exérèse chirurgicale ont elles aussi des limites. L’incision des bords aux ciseaux expose à des récidives parfois plus importantes, mais elle est préférable au bistouri électrique, responsable de douleurs et avec lequel il existe un risque cicatriciel et un plus grand risque de récidive. L’exérèse au laser CO2 ou à colorant pulsé est également une technique douloureuse avec un risque de cicatrice résiduelle. Le traitement par kératolytiques locaux représente l’option la moins agressive. Son efficacité dépend de deux facteurs, le terrain immunitaire de l’enfant et l’observance thérapeutique. C’est un traitement contraignant nécessitant des applications quotidiennes du produit, précédées de décapages, pendant plusieurs semaines. Avec les solutions filmogènes dans lesquelles le principe actif (acides salicylique et lactique 16,7 %) est dans un collodion, il est inutile de protéger la peau saine autour de la verrue par un vernis (Duofilm®, Kerafilm®, Verrufilm®). La Pommade M. O. Cochon®, à base d’acide salicylique à 50%, est moins pratique à utiliser. Les verrues des mains sont superficielles et, par conséquent, plus accessibles aux applications d’azote liquide. Ce traitement a deux inconvénients : un risque important d’extension de la surface des verrues si les applications ne se limitent pas au centre des lésions et son caractère douloureux. En cas de verrues multiples, plantaires notamment, un traitement kératolytique semble préférable. Le traitement des verrues sous- ou péri-unguéales est plus difficile. es cas rapportés dans la littérature font état d’une guérison des verrues palmo-plantaires après vaccination avec le vaccin non-avalent anti-HPV. On ne sait pas si cet effet résulte d’une immunité croisée ou d’un effet placebo. Une étude française multicentrique en double aveugle versus placebo en cours chez l’adulte va permettre de répondre à cette question. Les verrues filiformes sont habituellement peu nombreuses et très faciles à traiter à la curette après anesthésie locale. Les verrues planes sont peu visibles, peu évolutives et guérissent spontanément en quelques mois à condition d’arrêter toute manipulation locale. L’abstention thérapeutique est donc de mise. Les condylomes acuminés chez l’enfant sont souvent de localisation périanale. La contamination est principalement manuportée, en particulier à partir de verrues digitales. En dehors de contexte particulier, la transmission sexuelle est rare. Ils disparaissent en général assez rapidement. Des soins locaux asséchants pour limiter la macération du fond du pli fessier peuvent être suffisants. Il est aussi possible de les traiter par imiquimod topique (Aldara® ; pas d’AMM chez l’enfant pour cette indication) appliqué trois soirs par semaine et associé à des soins locaux adaptés pour limiter l’irritation périanale.   Molluscum contagiosum   Le traitement du molluscum contagiosum repose principalement sur l’explication aux parents de son évolution naturelle avec une guérison spontanée par stimulation immunitaire et autovaccination naturelle de l’enfant. Un traitement peut être proposé pour éviter la contamination de la fratrie. Lorsqu’il n’existe que quelques éléments de petite taille, une exérèse à la curette est facile à réaliser, mais elle est agressive pour l’enfant et sa famille, nécessite de multiples pansements et risque de laisser des cicatrices. Elle peut être remplacée par un traitement laser ponctuel du centre des lésions les plus importantes. Dans cette infection cutanée, il faudrait idéalement se contenter d’un traitement kératolytique sur ces éléments pendant quelques jours en l’arrêtant en cas d’irritation pour éviter l’irritation ou l’eczématisation des lésions. Utilisée dans les mêmes conditions, l’application d’hydroxyde de potassium à 5 % est efficace et a l’avantage d’impliquer les parents dans la guérison de leur enfant. Enfin, quand les molluscums sont situés sur des plaques d’eczéma, on recommande une corticothérapie locale adaptée. Ses effets bénéfiques sur le prurit et sur l’état cutané permettent de limiter la diffusion des lésions. D’après la communication de Frédéric Cambazard (CHU de Saint-Étienne), 27e Journée de dermatologie pédiatrique d’automne (JDPA), Bron, 7 novembre 2024.

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