publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Acné

Publié le 21 déc 2010Lecture 8 min

Quoi de neuf dans l’acné en 2010 ?

H. PAWIN, Paris
Assez peu d’actualités dans l’acné, mais quelques sujets revisités et révisés, comme l’influence du régime alimentaire. Par ailleurs, on en sait un peu plus sur l’apport des techniques de photothérapie dans l’acné. 
Acné et régime alimentaire Des années 30 aux années 60, un régime alimentaire pauvre en graisses, chocolat et sucres, faisait partie intégrante du traitement de l’acné. Après les années 60, toute notion de régime paraissait ridicule, mais récemment quelques publications ont souligné le rôle éventuel du lait et des aliments riches en hydrates de carbone. Qu’en est-il et quelle incidence pratique ont ces travaux récents ? A.R. Shalita et coll. ont fait une revue de la littérature pour répondre à ces questions (1). En 1969 et 1970, Fulton et Anderson ont réalisé chacun une étude qui montrait l’absence d’incidence du chocolat sur les poussées d’acné. Mais la relecture de ces deux études, aujourd’hui, met en évidence de nombreux biais méthodologiques : leurs conclusions sont invalides et n’ont donc pas d’intérêt. À l’époque, ces résultats avaient été considérés comme démontrés, mais depuis leur invalidation, tout lien entre régime alimentaire et acné a été nié et pensé non scientifique. Des études récentes ont toutefois exploré le lien entre acné et différents régimes alimentaires.  Acné et produits lactés Plusieurs études ont été réalisées par la même équipe pour chercher un lien entre acné et prise de produits lactés. À la vue de ces travaux, il est difficile de conclure, mais il semblerait que la prise importante de lait puisse augmenter les poussées d’acné. De manière étonnante, le lait écrémé induirait plus de poussées que le lait entier. Mais, de toute façon, cette influence du régime lacté serait faible.  Acné et régime en hydrates de carbone De nombreux travaux ont été effectués pour rechercher un lien entre acné et régime riche en hydrates de carbone. Les résultats ne sont pas formels, mais il semble exister tout de même une corrélation entre un régime riche en hydrates de carbone et la sévérité de l’acné. Ce lien serait multifactoriel, mais reposerait surtout sur l’augmentation d’un facteur de croissance, l’IGF1, dont la sécrétion est induite par l’insuline circulante, elle-même stimulée par les apports en hydrates de carbone. De plus, la composition du sébum est modifiée aussi par le régime alimentaire : un régime pauvre en hydrates de carbone entraîne une augmentation des acides gras insaturés dans le sébum, qui seraient moins comédogènes. Cependant, dans ces travaux, le rôle des graisses et des protéines n’a pas été étudié.  Autres études De nombreux autres nutriments ont donné lieu à des publications. Aucun n’a un rôle clair, et des travaux ultérieurs sont encore nécessaires pour affirmer le caractère bénéfique d’un régime enrichi en ces nutriments. Cela concerne : – les régimes riches en oméga-3 ; – les antioxydants ; – le zinc ; – la vitamine A ; – les régimes riches en fibres. Conclusion L’article de A.R. Shalita et coll. est intéressant à plusieurs titres : – sur le plan du cheminement de la pensée scientifique, le rappel des variations de nos connaissances et de nos affirmations est toujours intéressant pour souligner la difficulté d’avoir des certitudes ; – il existe probablement un lien entre certains régimes alimentaires et l’acné. Le plus probable est le rôle des régimes riches en hydrates de carbone ; – sur le plan pratique, la prescription d’un régime alimentaire particulier aux acnéiques n’est pas justifiée aujourd’hui. Cependant, une perte de poids chez des sujets obèses est probablement un facteur qui ne peut qu’améliorer leur acné et peut-être éviter de nouvelles poussées après traitement. Forme clinique particulière de l’acné de la femme adulte L’acné de la femme adulte est habituellement décrite comme une acné inflammatoire du bas du visage, de la mâchoire inférieure et du cou. Mais C.C. Zouboulis et coll. (2) ont décrit une nouvelle forme clinique particulière par le grand nombre de lésions rétentionnelles (microcomédons et macrocomédons), avec peu de lésions inflammatoires. Ces auteurs ont mesuré l’incidence de cette forme clinique au cours d’une consultation d’acné et son lien éventuel avec le tabagisme. Toutes les femmes, âgées de 25 à 50 ans, consultant pour une acné dans le service de dermatologie de l’Institut San Gallicano de Rome, entre novembre 2007 et avril 2008, étaient incluses dans l’étude, à condition qu’elles n’aient reçu aucun traitement antiacnéique dans les 3 mois avant leur consultation et qu’elles n’aient pas arrêté de fumer dans les 6 mois à 5 ans qui précédaient. Toute femme qui fumait avant la consultation ou qui avait arrêté depuis moins de 6 mois était considérée comme fumeuse. Toute femme, qui n’avait jamais fumé ou qui avait arrêté depuis plus de 5 ans, était considérée comme non fumeuse. Au total, 226 femmes ont été incluses dans cette étude ; 192 d’entre elles (85 %) avaient une forme rétentionnelle et seulement 34 (15 %) une forme habituelle inflammatoire ; 150 (66,3 %) de ces femmes étaient fumeuses. Mais, fait remarquable et statistiquement significatif, 72,9 % des patientes avec une forme rétentionnelle étaient fumeuses, alors que seulement 29,4 % des femmes avec une forme inflammatoire fumaient. Ainsi, cette forme particulière de l’acné de la femme adulte a, dans cette série, une incidence particulièrement élevée. De plus, sa survenue semble liée au tabagisme. Ces résultats sont à confirmer concernant l’incidence de cette forme particulière, et à compléter par une étude multifactorielle pour essayer d’isoler d’éventuels autres facteurs favorisants. Cette étude souligne une fois de plus le rôle possiblement rétentionnel et anti-inflammatoire du tabac. Photothérapie et acné De nouvelles voies thérapeutiques sont toujours explorées dans l’acné, et en particulier la photothérapie est proposée depuis quelques années. Mais quelle est sa réelle efficacité et que préférer : lumière bleue, lumière rouge, UV ? R.R. Anderson et coll. ont fait une revue de la littérature dans deux articles du JAAD(3,4).  Les UV sont inefficaces pour traiter l’acné.  La lumière bleue peut agir sur l’inflammation dans les acnés légères et modérées, mais son effet est transitoire. Son utilisation n’est pour l’instant pas standardisée (indications, doses, rythme des séances…). Cela semble n’être qu’un traitement d’appoint. Elle agirait directement sur certains facteurs de l’inflammation par un mécanisme inconnu.  La lumière rouge seule agit sur les porphyrines, photosensibilisants naturels qui absorbent spécifiquement le rouge. P. acnes est riche en porphyrines, la lumière rouge aurait donc une action spécifique sur cette bactérie dont le rôle central dans l’acné est bien connu. Mais, utilisée seule, son efficacité est faible.  La photothérapie dynamique (PDT) est l’association d’une lumière rouge à une substance qui augmente la concentration en porphyrines au niveau de la cible. La grande concentration de porphyrines rend la lumière rouge très efficace et permet la destruction de la cible. La PDT agit par plusieurs mécanismes dont la destruction de la glande sébacée, permettant ainsi des rémissions de longue durée. Deux produits peuvent être appliqués pour sensibiliser la cible : l’acide 5-aminolévulinique (ALA) ou l’aminolévulinate de méthyle (MAL). Les essais thérapeutiques, conduits avec les deux molécules, donnent des résultats d’efficacité comparables avec des rémissions longues, y compris dans des acnés sévères. Cependant, le mode d’utilisation le plus efficace est encore à préciser, en particulier les doses de sensibilisant à appliquer, le délai optimal entre l’application et l’exposition à la lumière, la durée d’exposition. Cette revue de la littérature confirme l’intérêt de la PDT dans la prise en charge de l’acné, mais les paramètres d’utilisation pour être le plus performant sont encore à préciser. Rôle de l’axe corticotrope de la glande sébacée dans l’acné Des études ont montré in vitro la présence d’un axe corticotrope sécrétant de la corticotropin-releasing hormone (CRH) dans les sébocytes humains. Le rôle de la CRH dans la synthèse lipidique et le métabolisme de la testostérone sont parfaitement connus. La CRH est-elle impliquée dans la survenue de l’acné ? C.C. Zouboulis et coll.(5) ont recherché une corrélation entre cet axe corticotrope du sébocyte et la survenue d’acné. Ils ont étudié en immunohistochimie des biopsies provenant de 33 patients acnéiques et de 8 sujets volontaires non acnéiques, comparables en âge. Les patients acnéiques étaient biopsiés en deux zones : la zone atteinte et la cuisse. Les glandes sébacées, quel que soit leur type ou leur stade de différenciation, montraient une activité très importante de l’axe corticotrope (CRH très fortement positive) dans les zones acnéiques, alors que cette activité était faible sur les biopsies des cuisses et des sujets témoins.  L’axe corticotrope présent dans les glandes sébacées a donc un rôle important dans les poussées d’acné. Et le Groupe Expert Acné… Le GEA, groupe de travail dans l’acné, continue ses travaux et, bientôt, vous proposera un nouvel algorithme de traitement s’appuyant sur les dernières recommandations de l’Afssaps (6) et une nouvelle grille d’évaluation de l’acné du visage (7).

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème