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Thérapeutique

Publié le 31 mar 2015Lecture 4 min

Intérêt de la L-Lysine dans l’herpès labial

L. BARTHOD, P. HUMBERT, CHRU Jean-Minjoz, Besançon

L’Herpes simplex est un virus dermo-neurotrope responsable d’un herpès labial (HSV1) ou d’un herpès génital (HSV2) qui se transmet par contact avec une personne infectée.

Lors de la primo-infection, les lésions sont douloureuses, brûlantes, voire prurigineuses. Vient ensuite une phase de latence où le virus reste tapi dans le ganglion sensitif du territoire de la primo-infection, c’est-à-dire le ganglion de Gasser pour HSV1 et le ganglion sacré pour HSV2. Différents facteurs peuvent être à l’origine d’une récurrence de l’infection, notamment le stress, un traumatisme ou encore une exposition solaire. Le traitement de référence est l’aciclovir. Toutefois, cette thérapie peut être également utilisée en traitement continu chez des patients avec des récurrences fréquentes, permettant de réduire celles-ci de 60 à 90 %. Mais cette utilisation continue est associée à des effets indésirables comme l’insuffisance rénale ou des hépatites. Il devient donc nécessaire de faire appel à des alternatives moins délétères, notamment des modifications diététiques ou des substances naturelles dont la lysine fait partie(1).   Rôle de la lysine   Mécanismes d’action La lysine est un acide aminé essentiel qui ne peut être apporté que par l’alimentation(2). D’un point de vue chimique, elle est proche de l’arginine avec laquelle elle entre en compétition dans l’organisme(1) : – antimétabolite de l’arginine ; – compétition au niveau rénal pour la réabsorption au niveau tubulaire rénal (ceci impliquant une augmentation de l’excrétion d’arginine) ; – induction de l’arginase, enzyme impliquée dans la dégradation de l’arginine ; – inhibition compétitive du transport intracellulaire de l’arginine. Le ratio arginine/lysine joue un rôle important sur la réplication virale(3). Si ce dernier est en faveur de l’arginine, on observe une activation de la réplication du HSV. En revanche si la lysine prédomine (ratio < 1), la réplication est inhibée. De nombreuses études ont été réalisées dans les années 80. Par ordre chronologique, voici les résultats de plusieurs d’entre elles : En 1980, 65 patients atteints de HSV ont reçu soit 500 mg de lysine per os 2 fois par jour, soit un placebo pendant 12 semaines, puis tous ont reçu un traitement par placebo pendant 12 semaines à nouveau. Les auteurs ont constaté une diminution significative (p < 0,05) de la récurrence de l’infection à hauteur de 27,7 % pour les patients sous lysine vs 12,3 % pour les patients sous placebo(4). Trois ans plus tard, les travaux de Walsh, Griffith et Behforooz ont montré que sur 1 543 patients souffrant de bouton de fièvre ou d’herpès génital, 88 % d’entre eux ont estimé que la supplémentation en lysine a été bénéfique pour la guérison de leur récurrence(5).   En 1987, dans une étude contrôlée en double aveugle avec placebo, 27 patients ont reçu 1 000 mg de lysine per os 3 fois par jour pendant 6 mois. Les résultats étaient concluants puisqu’il a été observé une diminution significative(6) : – de la récurrence (p < 0,05) ; – de la sévérité des symptômes (p < 0,05) ; – et du temps de guérison (p < 0,05), le tout comparativement au placebo.   Dosage/concentration optimale Des données de la littérature s’accordent à dire que la diminution de l’incidence des récurrences est véritablement effective à partir de 165 nmol/mlde lysine sérique(7). Ces résultats suggèrent que l’utilisation de la lysine en prophylaxie ou pour le traitement des récurrences de l’herpès labial peut être utile, à condition que les taux de lysine sérique soient maintenus aux concentrations adéquates. En pratique, on considère que la dose usuelle en prophylaxie des récurrences est de 500 à 1 000 mg de lysine par jour. Des doses plus élevées, allant jusqu’à 3 000 mg par jour, peuvent être utilisées en cas d’épisodes de récurrence aiguë, mais leur utilisation est limitée à la durée pendant laquelle l’épisode subsiste(8). Outre le traitement per os par hydrochlorure de lysine, la supplémentation peut se faire également par un régime riche en lysine, tout en réduisant les aliments à haut taux en arginine. De façon générale, les aliments riches en protéines sont une bonne source de lysine(9) : viande rouge, porc, volailles, le fromage, les poissons (notamment les sardines, morues), œuf... (tableau). Ainsi, les aliments les plus efficaces seront ceux ayant un taux élevé de lysine et un faible taux d’arginine (rapport Arg/Lys < 1). Effets indésirables et contre-indications Attention toutefois à ne pas surcharger son organisme en lysine. À partir de 10 g par jour, des effets indésirables peuvent apparaître et conduire à des nausées, coliques ou diarrhées(8). La supplémentation en lysine est contre-indiquée chez les individus avec hyperlysinémie ou hyperlysinurie (maladie génétique rare). Le catabolisme principal de la lysine se déroulant dans le foie, les individus avec des antécédents d’insuffisance hépatique ou rénale doivent consulter leur médecin avant d’introduire un traitement prophylactique par lysine.

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