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Actualité

Publié le 25 oct 2023Lecture 4 min

Sécukinumab (COSENTYX) : obtention de l’AMM européenne dans le cadre du traitement de l’hidradénite suppurée modérée à sévère de l’adulte

Hélène MASCITTI, Service d’onco-hématologie, hôpital Mignot, Versailles, Service d’immuno-dermatologie, hôpital Ambroise-Paré (AP-HP), Boulogne-Billancourt

Cet été 2023 a été marqué par l’obtention de l’autorisation européenne de mise sur le marché du sécukinumab dans le cadre du traitement de l’hidradénite suppurée (HS)-maladie de Verneuil, active, modérée à sévère, chez les adultes en cas de réponse insuffisante au traitement systémique conventionnel de l’HS(1). Cette molécule n’est pas nouvelle et vous est déjà familière dans le cadre du traitement des patients atteints de psoriasis. F. Assan et F. Dautrecque nous avaient respectivement exposé les points de vue des dermatologues et résumé les dernières recommandations de la Société française de dermatologie (SFD 2019) et des hépato-gastroentérologues sur cette maladie complexe (Dermatologie Pratique n° 471, juin 2023). C’est ici l’occasion de refaire le point sur cette biothérapie à prescription initiale hospitalière et de parler de ses différentes indications et de ses précautions particulières d’emploi, en attendant son remboursement dans ce nouveau cadre.

Comme tous les « -mab », le sécukinumab est un anticorps monoclonal. Il est entièrement humain et se lie de façon sélective à une cytokine pro-inflammatoire : l’interleukine (IL)-17A, pour l’inhiber et empêcher sa liaison avec son récepteur (IL-17AR). Cela a pour conséquence de bloquer une voie de l’inflammation déjà bien connue dans la physiopathologie du psoriasis, mais qui reste moins bien étayée et comprise dans l’HS(2-4).   QUELLES SONT LES INDICATIONS RECONNUES ET REMBOURSÉES DE CETTE MOLÉCULE ?   En dermatologie, le sécukinumab est remboursé depuis le 22 juillet 2022 chez les adultes en 2e ligne de traitement systémique dans les formes modérées à sévères du psoriasis en plaques, en cas d’échec (efficacité insuffisante, contre-indication ou intolérance) à une 1re ligne de traitement systémique non biologique (méthotrexate, ciclosporine ou acitrétine) et éventuellement à la photothérapie(5). Il est également remboursé depuis le 15 mars 2023 en 2e ligne dans les formes modérées à sévères du psoriasis en plaques chronique de l’enfant et de l’adolescent à partir de 6 ans, en cas d’échec (efficacité insuffisante, contre-indication ou intolérance) à une 1re ligne de traitement systémique non biologique ou éventuellement à la photothérapie(6). Nos confrères rhumatologues l’utilisent dans le rhumatisme psoriasique(7), les arthrites juvéniles idiopathiques (AJI)(8), les arthrites juvéniles psoriasiques et liées à l’enthésites chez les plus de 6 ans(1), ainsi que dans les spondylarthrites ankylosantes(9) et les spondylarthrites axiales non radiographiquement actives mais avec des signes objectifs d’inflammation chez des adultes ayant répondu de manière inadéquate aux antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS)(10).   POURQUOI CETTE NOUVELLE AMM DANS L’HIDRADÉNITE SUPPURÉE ?   Cette nouvelle approbation dans le domaine de la dermatologie repose sur les résultats des études cliniques SUNRISE (n = 543) et SUNSHINE (n = 541), qui ont recruté 1 084 patients dans 40 pays. L’article du mois dernier de F. Chasset résumait les résultats de l’essai de phase 3 publié dans le Lancet par A.B Kimball et coll., « Secukinumab in moderateto-severe hidradenitis suppurativa (SUNSHINE and SUNRISE) : week 16 and week 52 results of two identical, multicentre, randomised, placebo-controlled, doubleblind phase 3 trials ». Pour rappel, deux schémas posologiques de sécukinumab : 300 mg sous-cutané/2 semaines et 300 mg sous-cutané/4 semai -nes ont été comparés versus placebo chez des adultes atteints d’HS modérée à sévère. L’efficacité, la sécurité et la tolérance ont été évaluées à court et à long terme (à 16 et 52 semaines respectivement). L’effet du sécukinumab a été observé dès 15 jours avec une augmentation progressive de l’efficacité jusqu’à la S16. Celle-ci s’est maintenue dans les analyses à 52 semaines.   QUELLES PRÉCAUTIONS ET SURVEILLANCE PARTICULIÈRES ?   Comme tout médicament, le sécukinumab ne doit pas être prescrit s’il existe une hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. Par précaution, l’Agence européenne des médicaments signale également le risque théorique d’hypersensibilité au latex, en cas d’allergie au latex du fait de la présence de dérivés de latex dans le capuchon amovible de l’aiguille. Comme toutes les biothérapies, le sécukinumab est contre indiqué en cas d’infection évolutive et cliniquement grave. Les patients doivent être informés de la nécessité de consulter un médecin en cas de signes ou de symptômes évocateurs d’une infection. En cas d’infection grave, le sécukinumab doit être interrompu et repris après guérison. À noter que la tuberculose active contre-indique son utilisation mais aussi que les infections tuberculoses latentes doivent être traitées avant de commencer le sécukinumab. En raison de son mécanisme d’action, les candidoses et autres infections mycosiques sont plus fréquentes sous ce traitement. Les infections des voies respiratoires et les récurrences herpétiques orales sont les effets indésirables les plus fréquents. Les femmes en âge de procréer doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et 20 semaines après l’arrêt du traitement. Les troubles digestifs sous traitement sont fréquents, mais l’apparition ou l’exacerbation de réelle maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) ont été rapportées avec le sécukinumab. Ces dernières en contre-indiquent son utilisation(1). Trois patients de l’étude SUNRISE ont d’ailleurs développé une MICI(11). Au total, Le sécukinumab offre une nouvelle approche thérapeutique pour les patients atteints d’HS non associée à une MICI. Cette inhibition efficace de l’IL-17A dans l’HS est également une avancée dans la compréhension de la physiopathologie de cette maladie complexe, à la croisée des chemins entre immunologie et infectiologie.

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