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Dermatite atopique, Eczéma

Publié le 30 nov 2023Lecture 6 min

Quoi de neuf dans les dermatoses faciales ?

Catherine FABER, D’après les présentations de M. Le Moigne (Nantes) et C. Lheure (Paris)

La littérature de 2022 et 2023 sur les dermatoses faciales est abondante. Aussi cet article se limite-t-il aux nouveautés cliniques et thérapeutiques dans l’acné et la dermite séborrhéique.

Peu d’études sont consacrées à l’acné du tronc qui concerne pourtant plus de 50 % des patients atteints d’acné du visage(1,2). Cette localisation des lésions acnéiques affecte avec prédilection les hommes ayant des antécédents familiaux, et leur sévérité est influencée par des stimuli mécaniques comme la sueur, la pression, la friction et l’occlusion. L’acné du tronc est souvent négligée par les patients comme par les médecins, d’où un retard de la prise en charge. Des données épidémiologiques inédites, issues d’une étude sur 1 001 adolescents et jeunes adultes, indiquent que le stress, un régime riche en lipides et le manque de sommeil sont des facteurs favorisants(3). Plus d’un tiers des patients (38,7 %) ont une qualité de vie très altérée, et 68,4 % pensent constamment à leur acné(3). Pour l’évaluation de l’acné du tronc, une échelle spécifique dite TRASS (Truncal Acne Severity Scale) a été publiée récemment par le Groupe Expert Acné(4). Cet outil évalue la sévérité et le retentissement de l’acné du tronc à partir de trois catégories de critères : histoire familiale, clinique et qualité de vie. Sa faisabilité ainsi que sa pertinence sur la décision thérapeutique sont en cours d’évaluation.   TRAITEMENTS NOUVEAUX OU POTENTIELS DE L’ACNÉ   Sur le plan thérapeutique, la perspective de nouveaux traitements topiques de l’acné vulgaire est ouverte par deux études. L’un des médicaments évalués est la clascotérone 1 %. Dans un essai sur 1 421 patients de 12 ans et plus atteints d’acné modérée à sévère, ce premier anti-androgénique topique a donné des résultats favorables en application biquotidienne(5). Il est approuvé par la FDA dans cette tranche d’âge depuis 2020, mais son coût est élevé (580 $ le tube de 60 g). Le second topique prometteur est le calcipotriol 0,005 % qui, après un traitement de 2 mois, a montré une bonne efficacité dans une étude versus adapalène 0,1 % en gel (n = 40 patients, dont 35 femmes)(6). En ce qui concerne l’isotrétinoïne, les nouveautés sont peu nombreuses. Une métaanalyse de 320 articles montre qu’une utilisation à 0,5-1 mg/kg/jour avec une dose cumulée de 120-150 mg/kg entraîne une rémission prolongée(7). Elle évoque son efficacité à faible dose dans l’acné modérée à sévère, mais au prix d’une récidive plus rapide. Grâce à l’analyse des données d’une grande cohorte rétrospective (> 144 000 patients), on constate que le risque de dépression sévère est identique chez les patients traités par isotrétinoïne ou par antibiotique(8). Même constat pour le risque de suicide, malgré des idées suicidaires légèrement supérieures avec l’isotrétinoïne. À l’inverse, les patients sous isotrétinoïne ont un plus faible risque d’anxiété. Les informations issues de la même cohorte montrent aussi ce traitement n’augmente pas le risque de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin(9). Bien que le plus souvent modérée, l’acné de la femme adulte, avec ses trois sous-types bien identifiés, est réfractaire aux traitements(10). La physiopathologie de cette entité implique des facteurs hormonaux et une stimulation de l’immunité innée par Cutibacterium acnes. Dans ses recommandations de 2022, la société d’endocrinologie AE-PCOS (Androgen Excess-Polycystic Ovary Syndrome) préconise un bilan hormonal systématique pour rechercher un syndrome des ovaires polykystiques chez les femmes adultes acnéiques(11). L’essai SAFA versus placebo sur 342 femmes a confirmé l’efficacité de la spironolactone (50 mg/jour pendant 6 semaines, puis 500 mg/jour) sur la qualité de vie, le score IGA et la satisfaction des patientes(12). Sa bonne tolérance est attestée par la très forte proportion de celles chez qui les doses ont été majorées (98 %). En termes d’effets secondaires, il y a eu un peu plus de céphalées sous spironolactone que dans le groupe placebo. On attend maintenant les résultats de l’essai randomisé FASCE(13). L’actualité clinique et thérapeutique de l’acné fulminans (AF) repose sur trois publications : une étude multicentrique montrant l’absence de différences des caractéristiques cliniques et démographiques entre les cas induits par l’isotrétinoïne et les autres cas(14) ; une petite série qui a mis en évidence une efficacité des anti-TNF infliximab (5 patients) et adalimumab (1 patient) dans l’AF sous isotrétinoïne(15) ; 1 cas rapporté d’un patient de 15 ans suggérant que l’apremilast pourrait devenir un nouveau traitement adjuvant de l’AF réfractaire(16).   ACTUALITÉS DANS LA DERMITE SÉBORRHÉIQUE   Dans la dermite séborrhéique (DS), les besoins ne sont pas couverts pour les patients en échec des traitements de première intention(17). Une étude a évalué le contenu et la popularité de différentes plateformes de réseaux sociaux auprès des patients en quête d’informations sur la DS(18). Ces derniers visionnent plus fréquemment les vidéos diffusées par TikTok, dont la qualité informative est la moins bonne. Dans le domaine des traitements, les nouvelles données portent sur deux topiques utilisés chacun dans un cas. La crème de ruxolitinib à 1,5 % s’est révélée efficace chez une patiente de 74 ans avec un diagnostic de rosacée associée à une DS faciale réfractaire pour laquelle cet inhibiteur de JAK a été prescrit(19). Le traitement a pu être arrêté après 2 semaines. Une étude de phase 2 sur le ruxolitinib topique (2 applications/jour pendant 4 semaines) incluant 25 patients atteints de DS modérée à sévère est en cours d’inclusion. Dans un autre cas rapporté, le tapinarof topique a donné de bons résultats à 4 semaines(20). Il est intéressant de noter que la réponse s’est maintenue après l’arrêt du traitement. Mais la grande nouveauté dans la DS est la mise en évidence de l’efficacité et de la bonne tolérance du roflumilast mousse 0,3 % (1 application/jour pendant 8 semaines) démontrée par une étude de phase II randomisée en double aveugle sur 226 patients(21). Le critère de jugement principal représenté par un IGA de 0 ou 1 a été atteint par 73,8 % des patients contre 40,9 % dans le groupe véhicule. Des données de phase III non publiées ont permis à cet inhibiteur de la phosphodiestérase-4 d’obtenir, en avril dernier, une AMM aux États-Unis dans la DS à partir de l’âge de 9 ans. Seules quelques études se sont penchées sur le traitement de la DS par l’isotrétinoïne. Une revue systématique de 7 études – de méthodologies variées –, dont 6 avec de petites doses (≤ 0,5 mg/kg/jour), a montré qu’elle est plus efficace que l’itraconazole oral et que les shampoings antifongiques, avec de meilleurs résultats sur les lésions du tronc que sur celles du visage et du cuir chevelu(22). Dans les 4 études ayant utilisé des échelles de sévérité, 96 % des patients se sont dits satisfaits, et 45 % ont atteint un IGA de 0 ou 1. Le taux de rechute est de 11 % à 3 mois. Enfin, une étude rétrospective a inclus 6 patients avec une DS sévère qui, après échec de nombreux traitements topiques, ont été traités par ustékinumab avec des modalités variables(23). La réponse, excellente chez tous les patients, a été obtenue en 2 à 5 doses chez 5 d’entre eux et s’est maintenue après l’arrêt du traitement chez 4 patients. Ces résultats soulignent le rôle de l’interleukine-2 dans la DS et le rôle pro-inflammatoire de Malassezia via les interleukines 23 et 17.   D’après les présentations de M. Le Moigne (Nantes) et C. Lheure (Paris). 1re Journée du Groupe DEFI (DErmatoses FacIales), Paris, 15 septembre 2023.

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