publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Dermatite atopique, Eczéma

Publié le 07 mar 2022Lecture 3 min

Tralokinumab : un anti-IL-13 dans la dermatite atopique

Caroline GUIGNOT, Lille

La dermatite atopique légère à modérée ne répond pas toujours aux traitements de première intention ou de deuxième ligne. Le développement de nouvelles molécules ciblant notamment l’IL-13 offre de nouvelles perspectives.

Le décryptage des mécanismes associés à la dermatite atopique a permis d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques, parmi lesquelles les IL-4, IL-13 et kinases JAK figurent en bonne place du fait de leur impact sur l’inflammation tissulaire et le dysfonctionnement de la barrière épidémique. Une cible unique : l'IL-13 La surexpression d’IL-13 réduit l’efficacité de la barrière cutanée (impact sur les protéines et les lipides de barrière) et expose à un surrisque d’infections locales (impact sur les peptides antimicrobiens). Elle favorise aussi le recrutement d’éosinophiles et de cellules Th2, tous deux pro-inflammatoires, et la production de collagène par les fibroblastes, conduisant à un épaississement cutané. Le tralokinumab est un anticorps monoclonal humain qui se lie spécifiquement à IL-13. Il inhibe son activité biologique en bloquant son interaction avec le complexe de récepteurs IL- 13Rα1/IL-4Rα. Son action diminue la production de médiateurs de l’inflammation Th2 au niveau cutané et sanguin. Il a été approuvé par l’Agence européenne du médicament (EMA) mi-2021, dans le traitement de la dermatite atopique modérée à sévère chez les patients adultes candidats à un traitement systémique. Données des études pivots La molécule a fait l’objet de plusieurs études pivots : parmi elles, ECZTRA 3 avait porté sur l’efficacité et la tolérance du tralokinumab (300 mg toutes les 2 semaines) versus placebo en association avec un dermocorticoïde chez des adultes. À la 16e semaine, les patients sous traitement expérimental étaient plus nombreux à atteindre un IGA 0/1 (Investigator Global Assessment) ou une amélioration d’au moins 75 % du score EASI (Eczema Area and Severity Index, EASI75) par rapport à ceux sous placebo (38,9 % vs 26,2 % et 56,0 % vs 35,7, p significatifs). Chez les répondeurs, ces deux critères d’évaluation restaient favorables au tralokinumab à la 32e semaine (89,6 % et 92,5 % pour une administration toutes les 2 semaines et 77,6 % et 90,8 % pour une administration toutes les 4 semaines), sachant que respectivement 30,5 % et 55,8 % de ceux qui n’avaient pas été répondeurs à la semaine 16 atteignaient un IGA 0/1 ou un EASI75 à 32 semaines. La molécule était bien tolérée jusqu’à 52 semaines chez une grande majorité de patients, avec un profil de risque restant favorable et similaire dans les différents groupes de traitement (principaux effets indésirables : infections des voies respiratoires supérieures, rhume le plus souvent, réactions au site d’injection, conjonctivite). L’étude ECZTEND, qui est encore en cours, doit évaluer l’efficacité et la tolérance à long terme (142 semaines) des patients qui avaient été traités dans les études pivots ECZTRA 1, 2, 3 et 5. Les résultats intermédiaires à la 56e semaine (1 174 patients, âge médian 38 ans, 57 % d’hommes) montrent que le tralokinumab 300 mg SC administré toutes les 2 semaines avec ou sans dermocorticoïdes permet de maintenir durablement l’amélioration du prurit, des troubles du sommeil associés, et la diminution de la sévérité de la dermatite atopique. L’EASI90 est atteint par 61 % des patients, avec un profil de tolérance comparable à celui des études pivots. Le taux d’effets indésirables graves était de 4,7 %, et les effets indésirables graves ont conduit à l’arrêt du traitement pour 2,4 % des patients. Il est intéressant de noter que l’étude ECZTRA5 a montré la non-infériorité de la réponse immunitaire aux vaccins DTCaP et méningocoque chez les patients traités par tralokinumab versus ceux sous placébo. Place de l'arsenal thérapeutique D’autres molécules sont ou vont arriver dans la prise en charge de la dermatite atopique : le lébrikizumab (anti-IL-13), le némolizumab (anti-IL-31), le fézakinumab (anti-IL-22), ainsi que l’abrocitinib (anti-JAK1), l’upadacitinib (anti-JAK1) ou le baricitinib (anti-JAK1/2). Face à l’élargissement de l’arsenal thérapeutique, la décision dépendra des spécificités de la molécule (voie d’administration, profil d’efficacité et tolérance), du profil du patient et de ses atteintes, de ses craintes et de ses envies. Dans ce contexte, le tralokinumab présente l’avantage d’une administration tous les 14 jours qui peut être faite par le patient lui-même et être bien tolérée sans nécessiter de bilan biologique ou préthérapeutique.

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème