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Cancérologie

Publié le 13 nov 2007Lecture 2 min

La pilosité élimine-t-elle le diagnostic de mélanome ?

D. FARHI
La majorité des lésions mélanocytaires pileuses sont bénignes. Par ailleurs, environ 50 % des nævus mélanocytaires congénitaux sont pileux. L’idée selon laquelle la présence de poils au sein d’une lésion mélanocytaire est en faveur de sa bénignité est très répandue, bien que ne reposant pas sur un niveau de preuve élevé. L’objectif des auteurs était de remettre ce dogme en question, en présentant 3 cas de mélanome prouvé histologiquement et dont l’examen clinique et dermoscopique montrait une pilosité en son sein. Fait remarquable, aucun de ses mélanomes ne s’était développé sur une lésion congénitale. De plus, chez 2 des 3 patients, les cellules mélanocytaires envahissaient l’infundibulum pilaire.
La revue de la littérature sur le sujet ne retrouvait que peu d’articles. En 1940, une enquête auprès de 120 membres de l’AAD rapportait que 70 % des dermatologues n’avaient jamais observé de mélanome contenant des poils. En 2006, Kopf a effectué une revue rétrospective des photographies de 133 cas consécutifs de mélanomes : 73 mélanomes (55 %) n’étaient pas pileux, mais 59 (44 %) étaient pileux et 1 (0,7 %) était le siège d’une hypertrichose. Dans une étude diagnostique de Menzies et coll. publiée en 1996, les caractéristiques dermoscopiques de 62 mélanomes invasifs et de 108 nævus mélanocytaires étaient comparées : la présence d’une pilosité n’était pas discriminative. Le fait qu’auparavant les mélanomes étaient diagnostiqués plus tardivement, à un stade où les follicules pileux ont été détruits, pourrait être une explication à cette croyance historique. Actuellement, les mélanomes sont diagnostiqués de plus en plus tôt, donc plus souvent à un stade où les follicules pileux sont encore préservés. Une seconde explication « historique » possible est, qu’à l’origine, le concept du « signe de bénignité de la pilosité » était utilisé pour distinguer (notamment au visage) les carcinomes basocellulaires (considérés comme jamais pileux) des nævus dermiques (parfois pileux). Secondairement, ce concept a pu à tort être étendu des carcinomes basocellulaires à l’ensemble des cancers cutanés. Enfin, reste la question du mécanisme conduisant à la présence d’un poil au sein d’un mélanome. À ce sujet, il existe vraisemblablement deux situations : soit le mélanome se développe sur une zone naturellement pileuse (cuir chevelu…), soit le mélanome se développe sur un nævus pileux (qu’il soit congénital ou non). En conclusion, la suspicion de mélanome doit reposer sur les critères cliniques – et éventuellement dermoscopiques – habituels, sans être influencé par la présence ou non de poils au sein de la lésion considérée.

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