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Allergologie

Publié le 21 mar 2010Lecture 5 min

La dermatite de contact aux protéines

P. MOLKHOU, Paris

La dermatite de contact aux protéines est une affection différente de la dermatite de contact allergique, de l’urticaire de contact et de la dermatite d’irritation. Elle a été décrite pour la première fois en 1976 (1) chez des employés de l’alimentation en contact avec de la chair de poisson et de poulet.

Expression clinique Contrairement à l’urticaire de contact de type allergique, la dermatite de contact aux protéines se manifeste sous la forme d’un eczéma chronique avec exacerbations aiguës quelques minutes après le contact avec la protéine causale. Les patch-tests sont habituellement négatifs et le diagnostic est posé sur la positivité d’un prick-test réalisé avec l’allergène. Des IgE spécifiques sont parfois mises en évidence dans le sérum. Le plus fréquemment, il s’agit d’un eczéma chronique ou récidivant siégeant au niveau des mains, poignets et avant-bras, éventuellement sur le cou et le visage (voie aéroportée, en cas de protéines volatiles comme la farine chez les boulangers). Des symptômes extra-cutanés (conjonctivite, rhinite, asthme et troubles gastrointestinaux) ont été signalés quand la dermatite est associée à une urticaire de contact ou si le sujet est atopique. Les substances manipulées responsables On peut les classer en quatre grands groupes : ● Groupe 1 : fruits, légumes, épices, plantes et bois, qui affectent surtout les cuisiniers, les préparateurs de sandwiches, les ménagères. Les allergènes sont les pommes, les noix, les pommes de terre, les tomates et les carottes après ingestion, responsables de manifestations chez des personnes atopiques souvent sensibilisées aux pollens de bouleau ou d’armoise. Les épices incriminées sont la tortelle, la ciboulette, l’asparagus et la curcumine. ● Groupe 2 : il concerne les bouchers et les travailleurs d’abattoirs manipulant à mains nues des protéines sensibilisantes d’origine animale, comme la viande de boeuf, de veau, de porc, les volailles, les tripes et les abats, le sang et les liquides biologiques. L'illustration montre un eczéma des mains, au niveau de la face interdigitale des doigts et de la face externe des avant-bras. On retrouve une expression clinique et une localisation similaire avec les poissons, les amphibiens, le jaune et le blanc d’oeuf. Certaines protéines animales non destinées à l’alimentation comme le liquide amniotique, le placenta et la salive des animaux peuvent affecter les vétérinaires. Des cas ont été décrits avec les blattes chez le personnel travaillant dans des laboratoires de biochimie ou de biologie. ● Groupe 3 : chez les boulangers, les farines et les enzymes peuvent être à l’origine d’une dermatite chronique des mains, parfois des avant-bras, du visage ou même généralisée. Une rhinite, une conjonctivite ou de l’asthme sont souvent associés. Des enzymes tels que l’alpha-amylase et les protéases peuvent engendrer de telles réactions. ● Groupe 4 : des enzymes protéolytiques d’origine animale, végétale, bactérienne et mycologique sont également utilisées dans l’industrie, notamment dans des produits de lessive, des aliments ou des produits pharmaceutiques. Les protéines du latex peuvent être responsables d’une allergie de type I sous la forme d’une urticaire de contact, mais également sous la forme d’une dermatite chronique des mains. Diagnostic Le diagnostic (2) repose sur la réalisation des prick-tests (PT) avec le matériel suspecté à l’état naturel natif, car la nature des allergènes en cause dans la dermatite de contact aux protéines n’est pas toujours connue. Un PT avec du sérum physiologique sert de contrôle négatif. La lecture des PT se fait à 20 minutes. Les patchtests n’étant pas toujours très fiables, on peut également utiliser un Rub en frottant l’allergène sur la peau saine ou lésée. Il faut en effet se méfier des tests faussement positifs ainsi que des tests faussement négatifs. La corrélation entre les dosages d’IgE spécifiques, les tests cutanés et la clinique dépend de l’allergène en question. Quand les RAST pour ces allergènes n’existent pas, le test d’activation des basophiles peut s’avérer intéressant. Le diagnostic différentiel est à faire avec des réactions d’urticaire de contact de type non immunologique ou des réactions immédiates immunologiques à des substances de bas poids moléculaire comme le persulfate d’ammonium chez les coiffeurs. Dans les réactions retardées, une dermatite de contact allergique classique à des substances de bas poids moléculaire doit être prise en considération comme dans les cas de l’ail ou de l’oignon au diallyldisulfure. Le diagnostic différentiel le plus important reste peut-être la dermatite d’irritation surtout chez les sujets atopiques. Physiopathologie Sur le plan physiopathologique, la dermite aux protéines concerne principalement les sujets atopiques, dont la peau est abîmée et facilite la pénétration de substances macromoléculaires, ce qui peut aboutir à une urticaire de contact ou à une dermatite de contact aux protéines. Le mécanisme est de type IgE, mais cela n’exclut pas l’existence d’une réaction de type cellulaire, comme dans la dermatite atopique. Des examens immunohistochimiques ont révélé la présence de cellules dermiques et épidermiques histologiquement semblables à des cellules dendritiques et porteuses d’IgE. Conclusion Les dermatites de contact aux protéines sont fréquentes en pathologie professionnelle. Le traitement est basé sur des mesures de prévention, efficaces lorsque celles-ci sont réalisables et bien réalisées. • D’après l’intervention de Gossens A. Dermatite de contact aux protéines. 4e Congrès francophone d’allergologie, Paris, 2009.

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