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Laser et autres techniques

Publié le 02 nov 2008Lecture 7 min

L’épilation laser : quelques règles pour réussir

C. GAUCHER, Paris
L’épilation laser (ou par lumière pulsée) constitue un motif de consultation fréquent en dermatologie. Il est important pour le praticien de bien connaître les principes de la technique et ses contraintes. Quelques règles sont bonnes à rappeler afin d’optimiser les résultats.
Rappels anatomiques Les poils humains se répartissent en deux types : – les duvets (sans medulla) ; – les poils terminaux qui comprennent une medulla, un cortex et une cuticule. Les poils du visage sont généralement fins chez la femme. Chez l’homme et chez les femmes atteintes d’hirsutisme, les poils sont tous de type terminal. Brièvement, pour mieux comprendre l’épilation laser, rappelons que les poils sont caractérisés par : – leur cycle pilaire, incluant le pourcentage d’anagènes/télogènes ; – leur couleur : blanc, gris, blond, roux, châtain clair ou foncé, noir ; – leur diamètre : 50 à 400 microns ; – leur profondeur d’implantation : 1 à 5 mm et plus ; – le nombre de follicules par cm2. Le bulbe pilaire est riche en fibres nerveuses, expliquant la douleur ressentie lors de sa destruction. La croissance pilaire Le tableau résume l’ensemble des données permettant de comprendre la notion de temps de repousse et donc de prévoir l’espacement optimal entre les séances d’épilation.     On remarque en effet que la vitesse de croissance des poils est sensiblement la même quelle que soit la zone du corps concernée. La différence de repousse entre deux séances d’épilation à la cire ne vient donc pas de la vitesse de croissance, mais de la résultante des pourcentages de poils en phase anagène et du nombre de follicules par cm2 sur une zone étudiée : entre le visage et le corps, par exemple, les rapports anagènes/télogènes sont inversés et le nombre de follicules varie dans un rapport de 1 à 10 environ. Il faudra donc tenir compte de ces chiffres pour évaluer le temps de repousse entre les séances et l’optimiser. Principes de l’épilation laser Les cibles laser Le chromophore principal du poil est la mélanine, dont la courbe d’absorption est représentée dans la figure 1. La notion de gradient de mélanine entre le poil et les tissus environnants permet d’expliquer l’action de la longueur d’onde 1 064 nm sur le bulbe pileux.   Figure 1. Courbe d’absorption de la mélanine.   En vue d’une destruction définitive du poil, les zones ciblées sont le bulge et le bulbe, tandis que la phase ciblée est la phase anagène précoce, c’est-à-dire celle où le poil arrive juste à la surface de l’épiderme (il mesure alors entre 1 et 2 mm). L’efficacité sera d’autant meilleure que l’on traitera le plus grand nombre possible de poils en phase anagène précoce à chaque séance. La majorité des praticiens s’accordent pour dire qu’il faut traiter en phase anagène précoce. Laser ou lampe flash ? Que choisir ? Peu importe, pourvu que l’on s’adapte au patient. L’essentiel est de pouvoir traiter le plus possible en phase anagène précoce à chaque fois. Mais comment le savoir et que signifie cliniquement « phase anagène précoce »? En effet, il existe de grandes variations selon la zone et selon le patient. L’utilisation de la notion de temps de repousse habituel (TRH) que nous avons développée en 1998 est une aide précieuse : le temps de repousse entre deux séances peut être évalué à partir du TRH ou du TR0 de la zone et du patient.   Définition du temps de repousse hebdomadaire (TRH ou TR0) – TRH = temps nécessaire pour la réapparition de poils de 1-3 mm de long sur la peau après épilation à la cire. – TR0 = temps de repousse avant toute épilation permanente (zéro séance d’épilation permanente). – Temps spécifique à la zone et au patient épilé : il intègre toutes les valeurs précédentes de la croissance pilaire. • Relation avec le cycle pilaire… Le cycle pilaire de la zone considérée est d’environ 20 fois le TR0. Par exemple, pour la lèvre supérieure : TR0 = 120 jours/20 = 6 jours. On peut alors calculer l’intervalle idéal entre les séances par zone : pour la lèvre supérieure : TR0 = 6 jours, donc TR1 = 12 jours, TR2 = 24 jours… La photothermolyse sélective Le principe de la photothermolyse sélective repose sur l’utilisaes tion de l’énergie lumineuse « concentrée » sur une couleur, en l’occurrence le noir ou le marron, comme conductrice de la chaleur qui détruira la cible, en l’occurrence la région du bulge et du bulbe pilaire. Le chromophore principal pour la couleur noire ou marron est donc la mélanine du poil. Du fait de la présence de mélanine dans l’épiderme, il existe un risque de compétition au niveau du chromophore principal, d’où la nécessité de rechercher le meilleur compromis entre la chaleur emmagasinée par le poil et par la mélanine épidermique grâce à un système de refroidissement. La peau refroidit plus vite que le poil ; en effet, le temps de relaxation thermique (TRT) du poil (40-100 ms) est supérieur à celui de l’épiderme (3-10 ms). Ainsi, un bon refroidissement épidermique (fenêtre saphir, cryogène ou air froid pulsé) permet de brûler le poil sans brûler l’épiderme. Figure 2. Femme brune, atteinte d’hirsutisme « idiopathique » avec gros poils terminaux : 5 séances d’alexandrite. Les longueurs d’onde comprises entre 700 à 800 nm sont les plus utilisées, car les plus performantes pour les phototypes 1 à 3.   Les limites de la photothermolyse sélective • Elle n’atteint pas les poils blancs (absence de chromophore) ; • Elle détruit mal les poils fins et les poils clairs (manque d’énergie thermique dans le bulbe) ; • Elle ne permet pas de traiter en toute sécurité les phototypes élevés ni les peaux bronzées ; • Elle provoque parfois des repousses paradoxales : il semblerait que l’utilisation de fortes fluences d’emblée et le traitement large de toute la zone permettent de limiter ces repousses en bordure ou à distance de la zone. Figure 3. Jeune femme blonde, sans anomalie endocrinologique, atteinte d’un hirsutisme iatrogène (ciclosporine) : rubis ? lampe flash + RF ? L’épilation laser réussie : mode d’emploi Conditions de la réussite Pour réussir une épilation laser, il faut disposer d’une machine suffisamment puissante et adaptée au type de poils, notamment de clientèle locale (phototypes), et d’un bon système de refroidissement. Il faut bien sûr respecter les contre-indications (grossesse, photodermatoses, peaux bronzées, pacemakers [pour la radiofréquence]…) et respecter le temps de repousse (pour ce faire, l’aide des assistantes est capitale). Figure 4. Femme blonde, avant (27 juin 2005) (A) et après (4 octobre 2005) épilation (B). Paramétrer la « machine » Il faut tenir compte des paramètres du patient : – âge, sexe, condition hormonale ; – ethnie (couleurs de peau) et bronzage (attention à la notion de phototype et d’ethnotype) ; – couleur des poils ; – diamètre et profondeur d’implantation des poils. En fonction de ces conditions, il faut optimiser le réglage de chacun des paramètres de la machine : – longueur d’onde du laser ; – taille du spot ; – durée d’impulsion ; – refroidissement épidermique. Figure 5. Femme de 65 ans, poils blancs, durs, rasés depuis longtemps : lampe flash + RF ? aiguille ? Les solutions possibles pour les conditions non optimales Pour les poils fins et superficiels : – diminuer la taille du spot en augmentant la fluence et en diminuant la durée du pulse ; – utiliser le laser rubis ou la lumièreintense pulsée (lampes flash), avec radiofréquence de préférence (technologie Elos). Pour traiter les peaux noires ou foncées : – rallonger la durée de pulse (ex : diode 810 nm avec 100 ms et plus) ; – associer la radiofréquence (technologie Elos). La radiofréquence peut être d’un bon secours dans ces situations difficiles. Le courant de radiofréquence (RF) est attiré par les zones chaudes ; ainsi, le préchauffage de la cible (même pauvre en mélanine) par l’effet photothermique, même faible, crée un appel du courant de RF. L’effet thermique produit suit une courbe exponentielle, fonction du gradient thermique entre la cible préchauffée et les tissus environnants. L’effet est semblable à celui que l’on obtient lorsque l’on place une cuisse de poulet dans un micro-ondes : la viande autour de l’os cuit plus vite que le reste. De la même façon, on peut donc coaguler progressivement au fil des séances la gaine épithéliale externe des poils clairs, même gris ou blancs. Il faudra par contre un nombre de séances double ou triple de celui que l’on observe pour les poils foncés.

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