publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Article du mois

Publié le 01 juil 2021Lecture 3 min

Risque de développer un carcinome épidermoïde chez les patients avec kératose actinique

François CHASSET, Hôpital Tenon, Paris
Risque de développer un carcinome épidermoïde chez les patients avec kératose actinique

Les kératoses actiniques (KA) sont fréquentes et touchent jusqu’à 10 % de la population américaine. Même s’il est communément admis que la kératose actinique est une lésion précarcinome épidermoïde, le risque réel de développer un carcinome épidermoïde (CE) pour une population ayant déjà présenté une kératose actinique est mal connu et s’appuie sur des études de courte durée et de faible effectif.

L'objectif de cette étude de cohorte était donc d'identifier le risque de développer un carcinome épidermoïde pour les patients ayant développé au moins une kératose actinique entre janvier 2009 et décembre 2019, et suivis jusqu’en février 2020. Les patients présentant un diagnostic de carcinome épidermoïde, de mélanome et d’immunodépression avant le diagnostic de KA ont été exclus. Le diagnostic de KA était fondé sur la classification ICD-9 et ICD-10. Une étude cas-témoin a été réalisée à partir de la population générale de Californie appariée 1 : 1 sur l’âge, le sexe, l’ethnie et les centres afin d’essayer de prendre en compte l’exposition solaire. Par ailleurs, les patients avec KA étaient stratifiés sur le nombre de KA, le traitement reçu (cryothérapie isolée versus traitement de champs de cancérisation par imiquimod 5-FU topique...). Au total, 220 236 patients avec une KA et 220 236 contrôles ont été inclus. L’âge moyen était de 64 ans (écart type 12,2) et 52,5 % étaient des femmes. Le suivi médian était de 4,2 ans (IQR 25-75 ; 1,9 -7,1 ans) pour les patients avec KA. La population avec KA était composée à 89,5 % de Caucasiens et à 4,1 % d’Hispaniques. Au total, dans le groupe KA, 19 620 patients ont développé un CE au cours du suivi (8,9 %) contre 7095 (3,2 %) dans le groupe contrôle hazard ratio après ajustement sur les variables d’intérêt de 1,90 (IC 95 % 1,85-1,95 %). Le risque de CE augmentait rapidement avec l’âge – en prenant la population de 18-49 ans comme population référence –, avec un risque de 1,97 (IC 95 % : 1,84 %-2,21) pour les 50- 59 ans et un risque allant jusqu’à 8,18 (IC 95 % : 7,62- 8,78) pour le groupe > 80 ans. Le risque était également plus élevé chez les hommes (augmentation d’environ 40 %) et plus important chez les Caucasiens que chez les autres ethnies. Par ailleurs, de façon importante, la survenue de KA avant 50 ans était associée à un risque beaucoup plus important de développer un CE au cours du suivi (HR : 6,77 ; IC 95 % : 5,50-8,32), soit un risque environ sept fois suprieur à la population contrôle. De plus, le risque était également augmenté chez les patients ayant un antécédent de carcinome basocellulaire (HR : 1,83 ; IC 95 % : 1,78-1,89). Enfin, le risque de CE augmentait significativement avec le nombre de KA traitées par cryothérapie, avec un risque maximal pour les patients ayant eu plus de 15 KA traitées (risque globalement multiplié par deux par rapport aux patients n’ayant eu qu’une seule KA traitée) alors que le risque semblait intermédiaire pour les malades soumis à un traitement du champ de cancérisation (risque multiplié par 1,5 par rapport à un KA traitée). Au total, l’incidence à dix ans des CE dans la population avec KA atteignait 17,1 % (IC 95 % : 16,9 %-17,4 %) contre 5,7 % dans la population sans KA. Cette étude montre que la présence d’une ou de plusieurs KA est associée à un risque conséquent de développer secondairement un CE, et qu’un suivi est particulièrement nécessaire pour les personnes âgées, les hommes et surtout les personnes ayant eu une première KA avant 50 ans. Bien que cette étude ait de nombreuses limites, comme l’absence de confirmation histologique des KA et surtout l’absence d’évaluation systématique des contrôles inclus ne permettant pas d’éliminer que ces patients n’avaient pas de KA, l’effectif considérable la rend importante dans la compréhension de l’épidémiologie de la survenue des CE et pourrait être utile dans le dépistage et la prévention de ces cancers cutanés

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème