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Covid-19

Publié le 17 mar 2021Lecture 4 min

Les infections sexuellement transmissibles au temps de la Covid-19

Catherine FABER, Paris
Les infections sexuellement transmissibles au temps de la Covid-19

Que sait-on sur la transmission sexuelle du SARS-COV-2, les atteintes génitales au cours de la Covid-19 et les conséquences de la pandémie sur l’épidémiologie des infections sexuellement transmissibles (IST) ?
Éléments de réponse à travers l’analyse de 154 articles dédiés publiés en 2020.

PRÉSENCE DU VIRUS DANS LES SÉCRÉTIONS GÉNITALES ET TRANSMISSION SEXUELLE Classiquement, le potentiel d’une maladie à se transmettre sexuellement se définit par la présence de l’agent pathogène dans le sperme ou dans les sécrétions génitales féminines. Pour la Covid-19, cette donnée a une importance relative en termes de prévention, car les pratiques sexuelles qui précèdent un éventuel contact avec ces fluides biologiques, comme le rapprochement physique, les caresses et les baisers, sont-elles mêmes pourvoyeuses de transmission du SARS-CoV-2. Des études ont néanmoins recherché la présence de ce virus dans le sperme ou les sécrétions génitales féminines. Une seule étude sur 8 en a retrouvé dans le sperme (6 patients positifs sur 38), plus fréquemment chez des patients qui avaient été prélevés en aigu (26,7 %) que pendant la convalescence (13 %). Concernant les sécrétions génitales féminines, les données proviennent de deux études sur 35 patientes ayant des formes légères à modérées de Covid-19, aiguës et convalescentes, et 10 patientes avec des formes sévères et des prélèvements effectués entre 17 et 40 jours après l’apparition des symptômes. Toutes étaient négatives. Il n’y a donc probablement pas de transmission sexuelle du SARS-CoV-2 par le biais du sperme ou des sécrétions vaginales. Une petite incertitude demeure toutefois sur les cas graves et en aigu strict. L’absence de virus n’est pas forcément rassurante pour les accouchements par voie basse, puisque les fèces sont souvent PCR+. ATTEINTES GONADIQUES ET FERTILITÉ Des douleurs testiculaires au cours de la Covid-19 classique ont été décrites dans deux publications — l’une chez 19 % des patients. Plusieurs équipes ont également rapporté des cas d’orchite et/ou d’épididymite bilatérale chez des enfants, mais aussi chez des adultes. Deux articles font état d’une thrombose des veines ovariennes dans un contexte d’hypercoagulabilité associée à la Covid19 chez deux patientes, dont une femme enceinte. Les données des séries autopsiques suggèrent l’existence d’une inflammation histologique et d’altérations du tissu testiculaire. Des orchites et/ou épididymites ont été mises en évidence chez 22,5 % de 142 patients d’une série échographique, avec un risque augmentant avec l’âge et la gravité de la Covid-19. Deux études ont retrouvé des altérations séminales, avec une oligozoospermie et des polynucléaires et des cytokines pro-inflammatoires dans le liquide séminal. Sur le plan physiopathologique, l’absence de SARS-CoV-2 dans le tissu testiculaire constatée dans la plupart des séries autopsiques est un argument contre l’existence d’une atteinte gonadique directe. Certes, les récepteurs ACE2 et TMPRSS2 (portes d’entrée cellulaire du virus) sont exprimés dans le testicule par les cellules de Leydig et de Sertoli, et les spermatogonies, ainsi que dans la prostate et, dans une moindre mesure, dans les ovaires. Mais leur co-expression, qui serait nécessaire pour l’entrée du virus dans les cellules, est rare. Une étude a montré qu’il peut également y avoir une atteinte autoimmune au cours de la Covid-19, potentiellement impliquée dans les altérations de la spermatogenèse. Enfin, on ne peut pas exclure la possibilité d’une atteinte contingente. On sait en effet que la fièvre est une cause d’oligospermie. En cas de défaillance multiviscérale, l’hypovascularisation testiculaire va entraîner des anomalies histologiques. L’état d’hypercoagulabilité, qui est pertinent au niveau de l’ovaire, pourrait aussi concerner le testicule. FRÉQUENTATION DES CENTRES SPÉCIALISÉS ET INCIDENCE DES IST Un modèle de simulation épidémiologique développé à partir d’une population d’hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) a montré qu’en cas de réduction de 50 % des rapports sexuels avec une fermeture complète des centres d’IST pendant 18 mois, on devrait observer une stabilité des contaminations par le VIH et une baisse globale des IST (étude PRÉPRINT). De manière factuelle, deux études ont relevé une réduction de 85 % des rapports sexuels avec des partenaires occasionnels dans cette communauté en Australie et en Belgique. Comme l’atteste une étude américaine, il y a eu une baisse des visites dans les centres spécialisés, même en l’absence de confinement légal. Les données sur l’incidence des IST durant le confinement sont contradictoires : une quasi-disparition des diagnostics de syphilis précoce signalée à Rome et une stabilité, voire une augmentation des IST observée en Italie du Nord et à Taïwan. ADAPTATION DES CENTRES ET DES PROCÉDURES AUX RÈGLES DE DISTANCIATION SOCIALE Les centres IST se sont adaptés aux règles de distanciation sociale par des mesures classiques comme la réduction de leurs plages d’ouverture et la réalisation de consultations de dépistage par télémédecine. Certains ont expérimenté avec succès l’envoi aux patients de kits pour autotests multi-IST après téléconsultation. D’autres ont proscrit les prélèvements de gorge pour PCR Chlamydia et gonocoque par le clinicien en faveur des autoprélèvements, qui ont montré une qualité équivalente.  

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