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Allergologie

Publié le 11 mai 2020Lecture 4 min

En cas d’eczéma : florilège des allergènes selon les localisations

A. MORAND, Boulogne-Billancourt

Mains, visage, pieds... Selon la localisation de l'eczéma, les allergènes en cause différent, certains bien connus, d'autres de description plus récente. Le diagnostic n'est pas toujours simple, car il peut y avoir des pathologies intriquées. L'interrogatoire est essentiel.

Au niveau des mains L’eczéma des mains est fréquent, sa prévalence serait de 10 % dans la population générale. Dans plus de la moitié des cas, l’exposition est d’origine professionnelle, avec trois grands secteurs à risque : le nettoyage, la coiffure et l’alimentaire. Parmi les allergènes le plus souvent en cause, le nickel. La prévalence de l’allergie au nickel en Europe est de 8 à 19 % dans la population adulte et de 8 à 10 % dans la population pédiatrique. Face à un eczéma des mains, il est toujours pertinent de réaliser des tests cutanés, même pour le nickel, en sachant qu’un contact bref (comme la manipulation des clés dans les poches) peut suffire. L’analyse de cas cliniques souligne également un autre point important : l’origine fréquemment multifactorielle de l’eczéma. Il peut y avoir plusieurs allergies, liées à différents allergènes issus de plusieurs sources, auxquelles parfois se surajoutent des phénomènes d’irritation d’origine chimique, mécanique ou thermique. Il importe également de penser à de nouveaux allergènes, comme l’illustre le cas d’un métallurgiste ayant développé un eczéma de contact au 2-butyl-1,2-benzisothiazol-3- (2H)-one. La sensibilisation au 1,3-diphénylguanidine est, elle, plus souvent décrite, en particulier chez les soignants, car ce composé est utilisé comme produit de vulcanisation dans les gants en caoutchouc. Enfin, on observe de plus en plus de sensibilisations aux acrylates, non plus chez les dentistes depuis le développement des techniques de « no touch », mais plutôt désormais chez les porteuses de faux ongles ou de vernis semi-permanent. Une étude menée au Portugal sur plus de 11 000 personnes a mis en évidence une exposition professionnelle dans 25 % des cas, une exposition en tant que consommatrices dans 25 % des cas également, et une exposition mixte dans la moitié des cas. Il s’agissait de femmes dans 100 % des cas, âgées de 36 ans en moyenne. Les polysensibilisations sont fréquentes. Il faut ainsi savoir penser à la possible implication de nouveaux allergènes et ne pas hésiter à tester, notamment en cas de persistance d’un eczéma sous traitement systémique, ou d’aggravation inexpliquée d’une dermatite atopique, ou encore d’une aggravation au travail d’un psoriasis des mains. Au niveau du visage Au niveau du visage, l’allergie de contact peut parfois se présenter comme la dermatite sous-jacente, en particulier la rosacée. Plusieurs allergènes des fragrances peuvent être en cause : limonène, linalool, formaldéhyde… Les méthacrylates peuvent donner des lésions à distance, sans atteinte des mains. Les « kits » manucure maison sont quant à eux une source d’allergie de contact et d’urticaire solaire. L’utilisation de diffuseurs d’huiles essentielles, de lavande notamment, est à l’origine de dermatites aéroportées et de dermatites systémiques, qui peuvent mimer une dermatite atopique chez l’enfant. L’allergie de contact aux isothiazolinones, à l’origine de dermatites atypiques de type lym phomatoïde ou photoaggravées, peut être liée à l’exposition à des produits cosmétiques, mais aussi à des détergents ou des peintures. Il faudra aussi savoir penser aux sulfites, allergènes fréquents, mais souvent cachés dans certains aliments, les boissons ou les gants. Les sels d’EDTA sont des allergènes cosmétiques rares, qui doivent être évoqués en cas d’atteinte du visage, des paupières et surtout des lèvres. Face à une chéilite rebelle, il faut aussi savoir évoquer d’autres allergènes rares contenus dans les sticks pour les lèvres, comme l’huile de ricin, la cera alba et la cera flava ou encore la candelilla cera. Les dermatoses faciales aux poppers doivent être reconnues, en particulier chez des patients présentant des lésions croûteuses péri-nasales et narinaires associées à d’autres symptômes plus généraux (vertiges, hypotension, tachycardie, nausées, vomissements…). Même après sevrage, des rechutes ont été décrites, une allergie étant déclenchée par voie aéroportée. Enfin, l’allergie au titane est rare, mais existe, comme en témoigne le cas d’une femme ayant présenté une éruption au niveau du visage, du cou et du décolleté après la pose d’implants dentaires. Éruption qui s’est ensuite généralisée avant de disparaître en 2 semaines après le retrait des implants. Au niveau des pieds  Tout eczéma du pied doit faire penser à un eczéma de contact, en pratique surtout lié aux chaussures. Il faut bien sûr éliminer les autres diagnostics, en particulier psoriasis, trichophytie, dyshidrose ou encore dermatite atopique. Mais diverses pathologies peuvent être intriquées. Cliniquement, les lésions siègent au niveau du dos des orteils et des pieds et/ou aux endroits de friction des chaussures et peuvent se généraliser. L’atteinte des plantes est assez rare. La surinfection est fréquente. De nombreux allergènes potentiels sont à rechercher : agents tannants du cuir, accélérateurs et antioxydants du caoutchouc, colles, teintures et colorants, nickel, matières plastiques (thiourées en particulier) et diméthylfumarate, pour ne citer que les plus fréquents. Parmi les allergènes récemment décrits, le DMTBS (diméthylthiocarbamoyl benzothiazol sulfide) est un nouveau composant issu de la vulcanisation du caoutchouc, présent dans certaines chaussures. L’acétophénone azine, ou méthylphényl kétazine, se retrouve lui aussi dans des chaussures de sport et dans des protègetibias. Ces derniers sont une source désormais bien connue d’eczémas de contact, dus à des composés très divers (mercapto mix, thiuram, Nisopropyl N-phényl-p-phénylène diamine, thiourées , dithiocarbamates, colorants, résines de phénol formaldéhyde…).

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