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Allergologie

Publié le 28 sep 2020Lecture 4 min

Dermatite atopique : impact des facteurs environnementaux

F. MARMOUZ, Paris

La dermatite atopique (DA) est une dermatose inflammatoire chronique, prurigineuse, évoluant par poussées, survenant le plus souvent chez l’enfant et le nourrisson, plus rarement à l’âge adulte. Elle est caractérisée par une xérose (sécheresse cutanée) diffuse, responsable de l’altération de la barrière cutanée.

Dans les pays développés, 10 % à 20 % des enfants auront à un moment dans leur vie une DA(1). La diversité des mécanismes qui la sous-tendent — facteurs génétiques, immunologiques et environnementaux — explique sa complexité et la difficulté de sa prise en charge. Les dernières recherches ont permis de distinguer deux formes de DA(2) : – la DA intrinsèque (non IgEdépendante) ; – la DA extrinsèque (prick-tests positifs, IgE élevée). Cependant ces deux formes peuvent être intriquées ou évolutives de la 1re à la 2e. La diathèse atopique va évoluer de la naissance à l’âge adulte. Elle commence le plus souvent par de l’eczéma suivi éventuellement par de l’allergie alimentaire, un asthme et/ou une rhinite. D’où l’intérêt de s’intéresser aux facteurs de l’environnement afin de les contrôler dans le but d’atténuer les poussées de DA et prévenir les manifestations respiratoires. Chez ces patients la xérose favorise la pénétration et la sensibilisation aux protéines environnementales. Cependant celles-ci n’impacteront pas tous les patients atteints de DA. Principaux facteurs environnementaux impliqués Les pneumallergènes sont fréquemment impliqués : – acariens de poussière de maison ; – pollens divers ; – moisissures atmosphériques, blattes ; – phanères et squames d’animaux domestiques. Les trophallergènes peuvent aussi être aussi incriminés. Cinquante pour cent des bébés souffrant de dermatite atopique développent une allergie alimentaire à l’âge d’1 an(3). La sensibilisation peut se faire par les voies orale, respiratoire mais aussi cutanée par contact direct ou aéroporté. Ainsi la diffusion de poudre aux particules d’aliments comme le lait, la farine ou l’arachide dans l’atmosphère peut provoquer des réactions au niveau de la peau(4). Facteurs impactant par mécanisme non immunologique Les éléments physiques tels que la transpiration, le froid, l’humidité, le soleil, la chaleur peuvent jouer un rôle. De même pour les produits d’hygiène (gels douche, savons, crèmes, déodorants, parfums…) mais aussi les produits de lavage : détergents, assouplissants, décapants, désodorisants, parfums d’ambiance…. Il est important de noter que les allergènes peuvent être également irritants sans être allergisants. Impact de la pollution Il est difficile de quantifier l’impact de la pollution sur la DA car il existe peu de publications démontrant un lien entre pollution et DA. Une équipe coréenne a montré qu’il existe une diminution de l’incidence de la DA lorsque l’habitat est appauvri en polluants (poussière de maison, formol, composés organiques volatils, moisissures)(5). Les auteurs suggèrent un rôle pathogène des polluants intérieurs. Une autre équipe coréenne arrive aux mêmes conclusions quant aux polluants extérieurs(6). Les sources des polluants potentiels sont nombreuses : – pollution extérieure (air ambiant, trafic automobile, industrie…) ; – pollution intérieure : occupants, activités et comportements (équi pements, ménage, désodorisation, température, humidité, fumée de tabac…)(7) ; – agents biologiques : allergènes, bio-effluents humains, microorganismes, leurs composants (endotoxines, glucanes…) et émissions… ; – agents physiques : amiante, fibres minérales ou artificielles, particules, humidité… ; – agents chimiques : fumée du tabac, dioxyde de carbone, composés organiques volatils et semi-volatils, aldéhydes, dioxyde d’azote, ozone, métaux lourds, pesticides, polluants organiques persistants. Les patients sont plus touchés par les polluants intérieurs en raison de leur densité dans l’habitat. Enfin, il faut informer les patients sur les dangers des désodorisants d’intérieur très en vogue actuellement : l’encens, le papier d’Arménie, les huiles essentielles sont parmi les plus utilisés. Leurs systèmes de diffusion sont divers : bougies, diffuseurs de parfums automatiques ou pas, brûleurs de parfums, diffuseurs d’huiles essentielles, aérosols ou pulvérisateurs… Ils sont composés de substance contenant des : – COV : composés organiques volatils naturels ou de synthèse ; – allergènes : substances biologiques ou chimiques qui ont la propriété de provoquer une réaction immunologique chez un individu sensibilisé, ce qui aboutit à des symptômes respiratoires ou cutanés ; – éthanol : (alcool à 96°) jusqu’à 84 % du produit fini ; – gaz propulseur. Une étude publiée par 60 Millions de consommateurs en juin 2006 a révélé que sur 12 désodorisants du commerce étudiés, 6 contiennent une ou plusieurs substances nocives (eugénol, linomène, géraniol, linalol…) Quelles mesures prendre ? Chez les enfants atopiques, les principales mesures à prendre sont des mesures de bon sens : – assainir l’habitat, aérer et aspirer pour diminuer la présence d’allergènes ; – contrôler la température et le taux d’humidité ; – bien entretenir les équipements de chauffage et de ventilation ; – utiliser des produits d’hygiène sans parfums ni colorants ni conservateurs ; – éviter les bains chauds prolongés ; – privilégier les vêtements doux ; – user et abuser des émollients.

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