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Cas cliniques

Publié le 10 mar 2017Lecture 3 min

Chromomycose

O. BOUDGHENE STAMBOULI, Responsable de l’enseignement des maladies cutanées, faculté de médecine, Tlemcen ; service de dermatologie, CHU de Tlemcen, Algérie

La chromomycose est une dermatose chronique, localisée, due à des champignons dématiés appartenant principalement aux genres Phialophora, Fonsecaea et Cladosporium(1). Elle est surtout observée dans les régions tropicales et subtropicales à climat sec. Elle pose souvent des problèmes de diagnostic avec la tuberculose et la leishmaniose cutanées, plus couramment rencontrées.

Aspect clinique La chromomycose, mycose profonde à caractère verruqueux et végétant, est aussi caractéristique par son siège aux extrémités, jambes et pieds (figures 1 et 2) en particulier, et son évolution chronique n’engage pas le pronostic vital. Figure 1. Plaque de la jambe, surélevée, brun violacé, papillomateuse et squamo-croûteuse. Figure 2. Nodules angiomateux rétro-malléolaires recouverts de croûtes. Dans les zones d’endémie, elle pose peu de problèmes diagnostiques, et la découverte de corps fumagoïdes à l’examen microscopique des squamescroûtes ou du pus suffit en cas d’hésitation. Nos 9 cas sont très classiques par leur localisation (jambe, pied)(2), observés respectivement chez 7 femmes âgées de 18 ans, 33 ans, 36 ans, 40 ans, 51 ans, 52 ans, 61 ans et chez deux hommes âgés de 43 ans et 70 ans durant la période s’étalant de 1987 à 2015. Les observations très classiques par la clinique à type de lésions de type verruqueux ou nodulaire et aussi par la localisation (jambe, pied) les ont fait longtemps confondre avec des dermatoses d’aspects voisins, principalement la tuberculose verruqueuse et la leishmaniose cutanée. Diagnostic La méconnaissance de l’affection, les difficultés de trouver les corps fumagoïdes sur les coupes histologiques et celles de la culture mycologique ont longtemps laissé errer le clinicien, et la tuberculose verruqueuse a été évoquée en premier lieu, ce qui a amené à un traitement d’épreuve, utilisé parfois en désespoir de cause(3). Une autre affection moins chronique, la leishmaniose cutanée, peut être une source de confusion avec la chromomycose dans notre pays. Enfin, des aspects voisins peuvent être réalisés par la syphilis tertiaire et le pan (sérologies de la syphilis toujours positives), et les autres mycoses profond es (blastomycose, sporotrichose...). Au Maghreb, la chromomycose est rare, et 5 cas ont été rapportés au Maroc(4) parmi 30 observations de mycoses profondes. En Algérie, si cette affection n’est plus rapportée depuis longtemps, des cas sont décrits dès 1927 par Montpellier et Catanei(5). Dans la région de Tlemcen, après l’observation de Perrin et coll.(6) en 1989, nous avons colligé 9 cas. Diagnostic positif Sur le plan histologique L’examen montrait, sous un épiderme acanthosique et parfois ulcéré, un granulome inflammatoire dermique polymorphe comprenant des cellules géantes, des plasmocytes et de petits foyers d’abcédation ainsi qu’en quelques endroits des spores arrondies spontanément colorées en brun représentant des corps fumagoïdes. Sur le plan mycologique Le rôle du laboratoire est une affaire de haute spécialité pour reconnaître l’agent pathogène. L’examen mycologique mettait en évidence à la culture Phialophora verrucosa, Fonsecaea pedrosoi, Fonsecaea compacta, Cladosporium carrionï et Rhino-cladiella aquaspersale plus souvent impliqués(6,7). Sur le plan thérapeutique Le traitement de la chromomycose a toujours posé des problèmes. La cryothérapie, l’électrocoagulation et la chirurgie s’adressent à des lésions limitées. Après la 5-fluorocytosine, les imidazolés oraux ont été essayés et ils sont dotés d’une certaine efficacité : kétoconazole, itraconazole et plus récemment saperconazole, peut-être plus actif(8). La terbinafine a été utilisée avec succès(11). Actuellement, l’association itraconazole + 5-fluorocytosine(9) paraît la plus prometteuse, mais un délai de 5 ans est demandé pour pouvoir affirmer la guérison(5) dans cette dermatose souvent rebelle. La thermothérapie est préconisée par certains(10) comme thérapeutique adjuvante afin de diminuer la durée du traitement. Conclusion La chromomycose est une mycose profonde rare en dehors des zones tropicales, mais elle peut se voir en dehors de ces climats, surtout en ces périodes de réchauffement et de sécheresse au sud de la Méditerranée(11). Il faut insister sur la prévention des blessures des jambes et des pieds dans les zones d’endémie. Un diagnostic précoce est, pour le moment, le meilleur garant d’une cure définitive par une chirurgie radicale ou des moyens physiques, en attendant un traitement médical plus constamment efficace et moins onéreux.

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