Les cosmétiques de la cicatrisation

Cette demande importante explique la course de l’industrie cosmétique et pharmaceutique pour mettre en place « le meilleur cicatrisant ». Le traitement médical occlusif (silicone), compressif (bandes et vêtements) indiqué après chirurgie ou en cas de brûlures, ou les injections de corticoïdes pour traiter les cicatrices chéloïdes, les lasers vasculaires ou CO2 fractionnés ou ablatifs destinés à corriger les cicatrices, notamment d’acné, sont presque toujours associés aux dermocosmétiques cicatrisants.   Principaux agents cicatrisants   Patients et praticiens disposent d’un large choix de spécialités cosmétiques cicatrisantes dont la composition est souvent un mélange de principes actifs synthétiques, à base de plantes ou d’huiles essentielles ; de nouveaux actifs comme l’acide hyaluronique ou de vieux produits toujours au goût du jour comme le miel. • La vitamine A ou rétinol stimule la différenciation kératinocytaire et des fibroblastes, la production du collagène et des protéoglycanes. Exemple : Epithélial®. • L’allantoïne possède des propriétés cicatrisantes et réparatrices en stimulant le renouvellement cellulaire et la formation de tissu de granulation. Elle est également apaisante et hydratante. Ex. : Cicatryl®, Urgo® crème cicatrisante. • L’oxyde de zinc (ZnO), antiseptique, agit en stimulant la prolifération des cellules épidermiques. Ex. : Dalibour®, Gel de calamine®, Dermocuivre®, Cicalfate®. • L’acide hyaluronique, constituant naturel de la peau, est incontournable du fait de son pouvoir hydratant et son rôle dans la composition de la matrice extracellulaire. Ex. : Epithélial A.H.®, Ialuset®. • Les huiles végétales cicatrisantes : – l’huile d’amande douce (Prunus amygdalus) : très utilisée pour ses capacités émollientes, cicatrisantes et anti-inflammatoires. Également efficaces sur les vergetures et les gerçures ; – l’huile de calophylle (Callophylum inophyllum) ; – l’huile d’argan : connue depuis l’Antiquité pour son action cicatrisante grâce à sa composition ; – autres : huile de millepertuis (Hypericum perforatum), de rose musquée (Rosa rubiginosa) et d’argousier (Hippophæ rhamnoides). • Les plantes stimulantes cellulaires : – l’hydrocotyle (Centella asiatica) : grâce à sa richesse en saponines tripterpéniques, acide madécassique et flavonoïdes, elle stimule la synthèse du collagène et des glycosaminoglycanes, inhibe la croissance des kératinocytes et estantioxydante. Ex. : Madécassol®; Cicabio®, Cicaplast Baume® ; – le calendula (Calendula officinalis) a une action adoucissante, antiprurigineuse et cicatrisante grâce à la présence de saponosides. Ex. : Homéoplasmine®, Cicaderma® ; – l’aloé vera (Aloe babadensis) renferme des glycoprotéines et des lectines au pouvoir régénérant et stimulant la croissance des fibroblastes, des kératinocytes et du collagène. Ex. : Postopyl+®, Argilea® ; – le baume du Pérou (oléorésine) est un puissant antiseptique et cicatrisant. Ses actifs entraînent une réparation des lésions cutanées et accélèrent la cicatrisation. Ses composés allergisants (benzoate de sodium et de coniphéryl) en limitent l’utilisation. • Les huiles essentielles : – le romarin à Verbénone (Rosmarius officinalis) : en plus de ses propriétés hépatiques et endocriniennes, il a une action cicatrisante et régénératrice. Déconseillé chez la femme enceinte ou allaitante et contreindiqué dans les pathologies cancéreuses hormonodépendantes ; – la lavande (Lavandula angustifolia et Lavandula burnatti) : en plus de ses propriétés sédatives et antispasmodiques, elle est cicatrisante et régénératrice cutanée. Ex. : Madécassol®, Cetavlon® ; – l’immortelle d’Italie (Helichrusum italicum) possède une action anti-inflammatoire puissante liée à la présence de curcumène, utilisée pour les pathologies circulatoires. Déconseillée chez la femme enceinte ; – le niaouli (Melaleuca quinquenervia) possède des propriétés anti-infectieuses et prévient les brûlures post-radiques. À éviter chez la femme enceinte et le jeune enfant. Ex. : Biogaze® ; – le géranium Rosat (Pelargonium xasperum) a une action hémostatique puissante, antibactériennne, antifongique et antiseptique, cicatrisante et régénératrice ; – l’échinacée (Echinacea purpurea) est connue pour ses propriétés antimicrobiennes. Elle participe à la restauration du tissu conjonctif en s’opposant à l’hydrolyse de l’acide hyaluronique ; – le lys blanc (Lilium candidum) contient des phytostérols aux vertus anti-inflammatoires, antioxydantes, cicatrisantes et antitaches ; – autres huiles essentielles : achillée de Ligurie, géranium palmarosa, oranger bigarade, etc. Conclusion Le choix d’une spécialité dermo-cosmétique cicatrisante dépend de la nature de la lésion : plaie superficielle ou profonde, sèche ou suintante, postchirurgicale, brûlure ou ulcère chronique. C’est ainsi que sera privilégiée une crème à base de rétinol ou oxyde de zinc en cas d’irritation, d’acide hyaluronique en cas d’escarre ou d’ulcère, un spray au niveau des plis ; on évitera le baume du Pérou en cas de plaie chronique pour éviter toute sensibilisation. L’utilisation de ces actifs cicatrisants doit s’associer à une correction de tous les facteurs influant négativement sur la cicatrisation (anémie, dénutrition, tabac), à une photoprotection efficace pour limiter les troubles pigmentaires et éventuellement au maquillage dermatologique de camouflage.