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Cas cliniques

Publié le 31 aoû 2015Lecture 4 min

Drôle de verrue !

S. ABIL, B. GUERROUJ, J. BOUHALAB, B. HASSAM, CHU Ibn Sina, Faculté de médecine et de pharmacie, Université Mohamed V, Rabat, Maroc

Un jeune patient âgé de 32 ans sans antécédents pathologiques notables consultait pour un nodule verruqueux…

Observation Un jeune patient âgé de 32 ans sans antécédents pathologiques notables consultait pour un nodule verruqueux, de couleur chair, à surface kératosique, à limites nettes, saillant, mesurant 5 mm/4 mm de grand axe, siégeant au niveau de conduit auditif externe de l’oreille droite (figure 1). Selon le patient, il était d’apparition spontanée, sans aucun signe fonctionnel ni de lésions similaires à distance. La gêne esthétique occasionnée par la localisation de cette lésion constituait, à elle seule, le motif de consultation pour notre patient. Le diagnostic clinique était évident, en faveur d’une verrue vulgaire, ce qui était confirmé par l’histologie après exérèse chirurgicale (figure 2).   Figure 1. Verrue vulgaire du conduit auditif externe. Figure 2. Après exérèse complète. Discussion La fréquence des verrues cutanées est évaluée à 10 % de la population générale, en nette augmentation depuis deux ou trois décennies. Ce sont les enfants en âge scolaire et les adultes jeunes qui sont les plus touchés, avec un pic d’incidence entre 9 et 15 ans. La transmission est favorisée par les microtraumatismes et la fréquentation des piscines et salles de sports (douches)(1). Certaines professions (bouchers, vétérinaires, abattoirs, poissonniers) sont plus exposées aux verrues des mains causées par un type spécifique d’HPV7, dont l’origine animale n’est pas prouvée. Il existe plusieurs formes cliniques, chaque forme étant préférentiellement associée à certains types de HPV. Les verrues vulgaires sont très répandues surtout chez l’enfant, et elles touchent préférentiellement la face dorsale des mains et des doigts, mais peuvent siéger n’importe où sur le tégument, la fréquence des autres localisations n’a jamais été rapportée. L’atteinte du conduit auditif externe, comme chez notre patient, est rarement soulevée. Les lésions peuvent être uniques ou multiples. Un phénomène de Koebner peut être présent avec l’apparition de verrues aux sites de traumatismes. Les localisations périunguéales ou sous-unguéales sont souvent fissurées et douloureuses et entraînent parfois une dysmorphie de l’ongle. Les HPV associés sont de types 1 et 2. Les verrues filiformes sont dues à HPV-2, se localisant au niveau du visage, où elles sont périorificielles, comme les verrues périnarinaires ou péribuccales inoculées par un tic de léchage, ou au niveau du cuir chevelu et de la région cervicale des adolescents du fait d’autoinoculation par le rasage(2). Concernant les verrues planes, ces dernières siègent sur le visage, le dos des mains et les doigts. Leur disposition est volontiers linéaire ou en nappes confluantes. Elles sont liées aux papillomavirus humains de types 3, 10 et 28. Elles sont plus fréquentes chez l’immunodéprimé. Les verrues plantaires représentent un motif fréquent de consultation, douloureuses et/ou responsables d’une gêne fonctionnelle. On distingue deux tableaux cliniques très différents : les myrmécies et les verrues en mosaïque. Le diagnostic des verrues est clinique. Lorsqu’il existe un doute, l’examen histologique confirme le papillome viral en montrant un effet cytopathogène spécifique au sein des kératinocytes (koïlocyte). Le diagnostic virologique par analyse moléculaire de l’ADN viral n’est pas fait en routine. La PCR est la méthode la plus sensible pour déterminer le type de papillomavirus humain, elle est utile pour la détection des virus oncogènes ou en cas de doute sur l’existence de sévices sexuels. Bien que des régressions spontanées soient décrites, le retentissement fonctionnel ou esthétique et la contagiosité des verrues imposent souvent des mesures thérapeutiques(3). Le traitement des verrues cutanées n’est pas consensuel, le choix thérapeutique dépend du type de verrues, de leur localisation et de leur nombre, mais aussi de facteurs dépendant du patient, comme l’âge, le statut immunitaire, l’ancienneté des lésions et les traitements antérieurs(4). Les traitements les plus utilisés en pratique courante dermatologique restent la cryothérapie et les préparations kératolytiques, isolés ou en association lorsque l’hyperkératose est importante. Le caractère parfois douloureux du traitement doit toujours être mis en balance avec le bénéfice réel que l’on peut en attendre. Vu la petite taille de la lésion, la gêne esthétique induite et la localisation, une excision chirurgicale sous anesthésie locale a été réalisée chez notre patient. Aucune récidive n’a été notée, avec un recul actuel de 6 mois.

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