Publié le 31 mai 2025Lecture 2 min
Effets indésirables cutanés immuno-induits : des indicateurs de toxicités multiorganes sous immunothérapie ?
Sophie CARRILLO, d’après Kim E. « Cutaneous immune-related adverse events as indicators of subsequent multiorgan toxicities in immune checkpoint inhibitor therapy »

Chez les patients atteints de mélanome, les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire améliorent la survie, mais exposent à des effets secondaires parfois sévères. Parmi eux, les atteintes cutanées sont fréquentes et apparaissent précocement. L’équipe de Johns Hopkins Medicine s’est penchée sur une hypothèse ambitieuse : ces atteintes dermatologiques pourraient-elles servir de marqueurs précoces des toxicités systémiques induites par l’immunothérapie ?
Pour explorer cette possibilité, une étude de preuve de concept a été menée à partir des données de TriNetX, plateforme qui agrège plus de 140 millions de dossiers médicaux électroniques anonymisés dans le monde. L’analyse a porté sur 10 552 patients adultes atteints de mélanome ayant reçu une immunothérapie. Les patients présentant des antécédents dermatologiques récents ont été exclus afin de mieux cibler les toxicités cutanées survenues après l’introduction d’inhibiteur de point de contrôle immunitaire (ICI). Un appariement par score de propension a permis de constituer deux groupes comparables, l’un avec effet indésirable cutané (ciRAE), l’autre sans ciRAE. Les analyses statistiques ont ensuite évalué le risque de survenue de toxicités systémiques à 1 an ainsi que l’impact sur la survie. Les résultats montrent que les atteintes endocriniennes, dermatologiques et gastro-intestinales sont les plus fréquentes dans l’année qui suit l’initiation de l’ICI. Plus encore, les patients ayant présenté un ciRAE sont exposés à un risque accru de toxicités dans d’autres organes, notamment digestifs, oculaires et endocriniens. La survie à 1 an est meilleure chez les patients ayant développé un ciRAE, suggérant une activation immunitaire plus forte, mais aussi potentiellement plus toxique. Les limites incluent le manque de données sur le stade du mélanome et un possible biais de déclaration.
Les résultats de cette étude suggèrent que les manifestations cutanées sous ICI ne doivent pas être considérées comme anodines. Elles pourraient au contraire servir de signaux d’alerte précoces pour identifier les patients à risque de complications immuno-induites multi-organes. Une surveillance étroite s’impose pour ces patients, en particulier vis-à-vis des atteintes endocriniennes, digestives, hépatiques, musculosquelettiques et oculaires.
D’après Kim E. « Cutaneous immune-related adverse events as indicators of subsequent multiorgan toxicities in immune checkpoint inhibitor therapy », session S028, Late-breaking research : session 1, congrès AAD, Orlando, mars 2025.
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