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Photodermatologie

Publié le 29 fév 2024Lecture 3 min

Savoir évoquer un diagnostic de phytophotodermatose chez l’enfant

Catherine FABER, d’après la présentation du Dr Martine Avenel-Audran (Angers)

Bien que décrites de longue date, les phytophotodermatoses restent mal connues des soignants et quasiment inconnues du grand public. Chez l’enfant, elles constituent une source d’erreurs diagnostiques avec diverses dermatoses, en particulier infectieuses, mais aussi avec la maltraitance physique.

Les phytophotodermatoses résultent du contact de la peau avec une plante contenant une substance photosensibilisante associé à une exposition au soleil (UVA). C’est une réaction phototoxique retardée qui apparaît quelques heures après le contact et se traduit cliniquement par une réaction inflammatoire de type « coup de soleil» avec un érythème, éventuellement des bulles et une pigmentation secondaire. On sait depuis 1938 que les agents photo-sensibilisants responsables sont des furocoumarines ou psoralènes (utilisés pour la PUVAthérapie) présents dans les plantes à des concentrations variables. Quatre grandes familles de plantes sont responsables de phytophotodermatoses : les Apiacées (l’ammi élevé, la carotte et le cerfeuil sauvages, le fenouil, la grande berce, le panais...), les Fabacées (le psoralier), les Moracées (le figuier) et les Rutacées (tous les citrus dont le citron vert et la bergamote), la fraxinelle, la rue des jardins...   DES TABLEAUX CLINIQUES VARIÉS   Le tableau clinique le plus classique de phytophotodermatose est la dermite des prés initialement décrite par Oppenheim chez des baigneurs en rivière qui s’étaient allongés dans l’herbe pour se sécher. Il s’agit d’une dermatose figurée apparaissant au bout de 24 heures et jusqu’à 72 heures après un contact même extrêmement bref avec la plante photosensibilisante et une exposition au soleil parfois modérée. La pigmentation résiduelle peut persister plusieurs mois, voire plusieurs années. Les plantes en cause dans la dermite des prés appartiennent surtout à la famille des Apiacées. La phototoxicité induite par ces plantes caractérisées par des fleurs en ombelle peut être systémique, comme le montre l’observation d’une réaction survenue chez femme grande consommatrice de céleri (3 bols de soupe de céleri par jour). Chez l’enfant, la littérature fait état de plusieurs cas de brûlures sévères après un contact avec la grande berce (photo) et avec la sève de figuier.   On a également rapporté plusieurs cas de lésions péribuccales ou au niveau du visage chez des nourrissons qui avaient en commun d’avoir consommé de la purée de panais en extérieur. Ce légume revenu à la mode est particulièrement photosensibilisant. La dermite en breloque est une forme clinique a minima de phyto-photodermatose. La première publication dont elle a fait l’objet concerne une femme qui avait présenté une pigmentation après exposition au soleil sur les zones où elle avait appliqué de l’Eau de Cologne. La plante responsable est la bergamote contenue dans de nombreux parfums. D’où la recommandation d’éviter d’appliquer du parfum avant de s’exposer au soleil. La troisième présentation clinique des phytophotodermatoses est la Lime disease. Fréquente aux États-Unis et en Amérique du Sud, elle survient chez des personnes de tout âge en contact avec du jus de citron vert. Elle se manifeste par des lésions parfois très intenses avec, chez les enfants, des cas de larges lésions bulleuses au niveau des mains, nécessitant une consultation dans un service des brûlés. Le citron vert a aussi été mis en cause chez une fillette avec des lésions hyperpigmentées sur le tronc, dont la mère avait utilisé du citron en mangeant des fruits de mer sur la plage avant de lui appliquer un produit de protection solaire. D’autres plantes de la famille des Rutacées donnent des phytophotodermatoses chez l’enfant telles que la grande berce, la fraxinelle et l’héraclée du Caucase.   UN DIAGNOSTIC PARFOIS DIFFICILE   Des équipes à l’origine des publications de cas pédiatriques de phytophotodermatose mettent en garde contre le risque d’erreurs diagnostiques face à des lésions « bizarres ». Les diagnostics différentiels évoqués sont l’impétigo, les mycoses, l’herpès, l’érythème polymorphe, la cellulite et même les sévices à enfant. Il faut savoir évoquer le diagnostic de phyto-photodermatose et, devant des lésions bulleuses, pigmentaires, linéaires ou figurées, rechercher un contact avec une plante photo-sensibilisante. Une grande variété de plantes est responsable. Elles sont présentes dans l’environnement naturel mais aussi dans des produits dits « naturels ». D’après la présentation du Dr Martine Avenel-Audran (Angers), lors du séminaire de dermatologie pédiatrique de l’hôpital Necker (SDPHN), 23 juin 2023.

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