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Cosmétologie, Esthétique

Publié le 08 jan 2024Lecture 5 min

Les cosmétiques « eco- friendly »

Catherine FABER, d’après la présentation de Ch. Lafforgue, université Paris-Saclay (Orsay) et université du Québec (Chicoutimi)

Pour réduire l’impact environnemental de ses produits, l’industrie cosmétique propose d’agir sur les différentes étapes de leur fabrication. Le pacte vert pour l’Europe et le nouveau règlement cosmétique, en cours de préparation, comportent des mesures qui permettront d’éviter le greenwashing dans ce secteur.

Il est important de différencier l’empreinte écologique, qui représente la surface de terre nécessaire pour rendre possible notre mode de vie, de l’empreinte carbone, qui est la quantité de gaz à effet de serre (GES) induite par la demande finale intérieure d’un pays. Les industriels proposent aujourd’hui de plus en plus de produits rechargeables ou sans emballage. D’autres concepts doivent être connus pour mieux appréhender le sujet des produits dits « eco-friendly » : celui de développement durable, défini comme un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable ; le concept de limites planétaires qui définit un espace de développement sûr et juste pour l’humanité et est fondé actuellement sur neuf processus biophysiques* ; l’écoconception, définie par la norme ISO 14006 comme une « approche méthodique qui prend en considération les aspects environnementaux du processus de conception et développement dans le but de réduire les impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie d’un produit ». Des chiffres récents indiquent que l’industrie cosmétique utilise 18 % de la production mondiale d’hydrocarbures et qu’elle est responsable de 0,5 à 1,5 % des émissions de GES. Elle génère 120 milliards d’unités de déchets par an, ce qui représente 5 % des emballages plastiques, dont seulement 9 % sont recyclés. Ces données justifient son engagement dans la recherche de solutions pour répondre aux préoccupations environnementales actuelles. Ses propositions portent sur différents leviers allant du stockage des produits à leur utilisation.   STOCKAGE, COMPOSITION, PACKAGING, PROCESS   Des protocoles de stabilité étendant les durées de vie des produits sont utilisés pour optimiser leur temps de stockage. Cependant, pour certains produits comme la soude, les conditions de stockage ne peuvent pas être modifiées. Les voies de recherche sur la composition des produits sont plus nombreuses. Elles visent notamment à diminuer l’empreinte carbone avec des matières premières durables. Dans cette optique, L’Oréal vient de publier l’Abundance Index pour la quantification des minéraux. Pour les plantes, le protocole de Nagoya sur la biodiversité permet de s’assurer que celles utilisées sont endémiques dans certaines régions. Les matières premières peuvent aussi résulter de l’upcycling. Ce procédé de recyclage consiste à transformer des déchets en produits à haute valeur ajoutée. Une autre option est l’utilisation d’ingrédients multifonctionnels pour la fabrication de formules X en 1 comme les BB crème (Blemish Balm), CC crème (Correction Complexe ou Colour Control) et DD crème (Daily Defense). Dans le même esprit, le SymTriol™ peut être utilisé comme hydratant, parfum ou agent antimicrobien, dans des gels, des crèmes et des lotions. Cette substance multifonctionnelle est très bien tolérée et, surtout, permet de réduire les quantités de conservateurs en maintenant des qualités hydratantes. On est là dans le domaine d’actifs fabriqués de façon la plus écoresponsable possible. Par ailleurs, l’industrie cosmétique développe des produits conçus pour réduire la consommation en eau (formules Water conscious). Il s’agit de produits plus simples à rincer et de cosmétiques sans rinçage. Avec le travail sur la sensorialité, les utilisateurs ne ressentent plus le besoin de se rincer pour se débarrasser d’une sensation peu agréable. Ce qui peut poser problème lorsque des produits nécessitant d’être rincés ne le sont pas et, par conséquent, laissent des résidus en quantités plus ou moins importantes sur la peau. Pour les poudres, une technique de formulation permet de « transformer » l’eau en poudre. Une poudre « humide » est obtenue par absorption d’eau dans un polymère spécifique. Elle est ensuite dispersée dans un pulvérisant classique comme le talc et peut contenir jusqu’à 20 % d’eau. Le frottement du produit sur la peau libère de l’eau et peut même donner une petite émulsion fluide. La mise au point de cette formule Water conscious doit encore être travaillée, mais elle constitue une piste intéressante. En termes d’innovations technologiques, on assiste au développement de pommeaux de douche ou de robinets qui réduisent le débit d’eau sans altérer le confort. Par exemple, L’Oréal s’est associé à Gjosa pour développer un nouvel équipement destiné aux coiffeurs qui réduit la consommation d’eau lors du rinçage des cheveux de 8 l/min à 1, 5 l/min. Enfin, les industriels proposent des produits sans packaging ou rechargeables. Mais ces nouveaux conditionnements contiennent des substances non intentionnellement ajoutées (NIAS : Non lntentionally Added Substances). Elles apparaissent lors du processus de recyclage qui utilise entre autres des solvants et du chauffage. Le bisphénol A dans les plastiques recyclés en est un exemple. En cosmétique, la question des NIAS se pose avec les pseudo-cartons pelliculés. On va donc vers des actions sur les process industriels comme la fabrication à froid ou le « one pot process ». Cette méthode de chauffage de tous les ingrédients dans un même récipient permet de réduire le temps de chauffe.   DES ÉVOLUTIONS RÉGLEMENTAIRES BÉNÉFIQUES   À l’heure actuelle, 17 % de parts de marché des produits commercialisés sont liées aux allégations « vertes ». À l’heure actuelle, nombre d’entre elles ne sont pas certifiées : conscious, eco/nature’s/environmental- friendly, ecological, nature’s friend, environmentally correct, green, polluant free… Afin d’éviter le greenwashing, les allégations environnementales doivent être certifiées par des acteurs tiers ou respecter les standards (co)développés par les autorités. Le pacte vert pour l’Europe va inclure un règlement écoconception pour les produits chimiques (Chemical strategy for sustainability) ainsi qu’une directive anti-greenwashing. Cette pratique trompeuse pourra également être évitée par l’obligation d’inclure la toxicité environnementale, en plus de la toxicité humaine, prévue dans le nouveau règlement cosmétique, dont l’arrivée est imminente. La règle des 3 R sera toujours d’actualité dans l’industrie cosmétique, mais il s’agira désormais de « Réduire, Réutiliser, Recycler » pour consommer autrement. *https://www.notre-environnement.gouv.fr/rapport-sur-l-etatde-l-environnement/themesree/defis-environnementaux/limites-planetaires/concept/article/presentation-du-conceptdes-limites-planetaires D’après la présentation de Ch. Lafforgue, université Paris-Saclay (Orsay) et université du Québec (Chicoutimi) 44e cours du GERDA, 28 septembre 2023.

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