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Article du mois

Publié le 07 mar 2023Lecture 3 min

Efficacité et tolérance du ruxolitinib topique dans le vitiligo : résultats de 2 essais de phase III

François CHASSET - Service de dermatologie et allergologie, Hôpital Tenon, Paris

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Le vitiligo est une maladie auto-immune caractérisée par une perte des mélanocytes de l’épiderme et entraînant une dépigmentation de la peau. Le vitiligo est une maladie relativement fréquente puisqu’il touche entre 0,5 et 1 % de la population et s’associe à un retentissement important sur la qualité de vie notamment quand il touche des zones visibles comme le visage. Sur le plan physiopathologie, le vitiligo est caractérisé par une infiltration cutanée de lymphocytes T CD8+ produisant de forts taux d’interféron gamma qui détruisent les mélanocytes. L’interféron gamma signale par la voie JAK-STAT, ce qui induit l’upregulation d’une chimiokine CXCL10 qui permet le recrutement de ces lymphocytes CD8+. Les anti-JAK qui inhibent cette voie JAK-STAT sont de plus en plus utilisés avec des résultats intéressants dans le vitiligo. Nous vous avons présenté ces derniers mois plusieurs articles consacrés à l’inhibition de cette voie qui est une avancée majeure. Nous vous avons également présenté les résultats de l’essai ORAL qui comparait dans la polyarthrite rhumatoïde, chez les plus de 65 ans, les anti-TNF aux anti-JAK. Cet essai a montré un surrisque d’événements thromboemboliques et de cancers dans cette population, et a conduit la FDA à alerter sur l’utilisation des anti-JAK dans cette population. Par ailleurs, il existe un signal général de pharmaco-vigilance globale même si la littérature reste discordante, en particulier sur le risque de thrombose. Le développement d’anti-JAK topiques est donc une alternative intéressante et un essai de phase II avait montré des résultats avec le ruxolitinib topique (un inhibiteur de JAK1 et de JAK2 topique) à 1,5 % dans le vitiligo. Cet article rapporte les données d’efficacité et de tolérance de deux essais de phase III. Il s’agissait de deux essais de phase III (TRuE-V1 et TRuE-V2) qui avaient inclus des patients âgés de plus de 12 ans présentant un vitiligo non segmentaire avec une atteinte de moins de 10 % de la surface corporelle. Une atteinte du visage d’au moins 0,5 % de la surface corporelle était requise ainsi qu’au moins 3 % de la surface corporelle sur le corps. Ils devaient également avoir un score facial Vitiligo Area Scoring Index F-VASI de minimum 0,5, un score allant de 0 à 3, dont un score élevé indiquant une activité élevée. Les patients étaient randomisés 2 : 1 pour recevoir du ruxolitinib topique 1,5 % jusqu’à la semaine 24 puis tous les patients recevaient le ruxolitinib topique jusqu’à la semaine 52. Le critère de jugement principal était l’amélioration d’au moins 75 % du score F-VASI (appelé F-VASI-75) à la semaine 24. La tolérance était évaluée jusqu’à la semaine 52. Au total, 674 patients ont été inclus, 330 dans l’essai TRuE-V1 et 344 dans l’essai TRuE-V2, réalisés tous les deux entre septembre 2019 et octobre 2021. Globalement, 40 % étaient naïfs de traitement ; 60 % avaient déjà reçu un traitement en particulier dermocorticoïde ou tacrolimus topique, et environ 20 % de la photothérapie. À la semaine 24, le critère de jugement principal F-VASI 75 était atteint dans 29,8 % dans le groupe ruxolitinib contre 7,4 % dans le groupe placebo dans l’essai TRuE-V1 (risque relatif 4,0 [IC 95 % 1,9-8,4, p<0,001] et 30,9 % vs 11,4 % RR 2,7 [IC 95 % 1,5-4,9], p<0,0001) dans l’essai TRuE-V2. Chez les patients ayant appliqué le ruxolitinib topique de J0 jusqu’à la semaine 52, le F-VASI 75 était atteint chez respectivement 52,6 % et 48 % dans les deux essais. Concernant les données de tolérance, 54,8 % des patients de TRuE-V1 et 62,3 % de ceux de TRuE-V2 ont présenté au moins un effet indésirable. Les effets les plus fréquents étaient des réactions acnéiformes au site d’application dans environ 6 %, des infections ORL et un prurit au site d’application dans 5 % environ respectivement. Au total, cette étude démontre dans les deux essais de phase III la supériorité du ruxolitinib topique 1,5 % dans le traitement du vitiligo touchant moins de 10 % de la surface corporelle. Ces résultats sont très prometteurs et la tolérance semble tout à fait satisfaisante. Il sera intéressant de voir si cette crème peut être utilisée en combinaison avec la photothérapie ou d’autres traitements systémiques, mais elle semble représenter un progrès majeur dans cette pathologie souvent très invalidante. Par ailleurs, il sera intéressant d’évaluer l’efficacité dans une population à phototype V-VI qui ne représentait qu’environ 5-6 % des patients inclus dans l’étude.  

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