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Congrès

Publié le 01 juin 2021Lecture 5 min

Chirurgie d’exérèse et ganglion sentinelle dans le mélanome primitif

Catherine FABER, Paris
Chirurgie d’exérèse et ganglion sentinelle dans le mélanome primitif

La confirmation du diagnostic de mélanome nécessite la pratique d’une exérèse de la totalité de la lésion. Il n’y a pas de place pour la biopsie sauf exception (encadré 1). Seul l’examen anatomopathologique de l’ensemble de la pièce opératoire permet de confirmer le diagnostic et de calculer l’indice de Breslow (épaisseur de la tumeur en mm). Selon cet indice, une reprise chirurgicale sera réalisée. Il faut noter que dans la nouvelle classification de l’AJCC (American Joint Committee on Cancer, 8e édition), le Breslow est donné avec un seul chiffre après la virgule*, l’indice mitotique est abandonné, et l’ulcération a un intérêt pronostique accru(1).

Les marges d’exérèse latérales pour un mélanome cutané primitif doivent être adaptées à la profondeur d’infiltration du mélanome : 0,5 cm pour les tumeurs in situ, 1 cm pour les mélanomes de Breslow entre 0,1 et 1mm,1 à 2 cm si le Breslow est entre 1,1 et 2 mm, et 2 cm s’il est supérieur à 2 mm. Pour la profondeur de l’exérèse, en l’absence de données robustes, il est proposé de la réaliser jusqu’au fascia en le respectant. On ne fait plus d’exérèse à 3 cm ou plus. Comme l’a montré une étude avec un recul de près de vingt ans, il n’y a pas de différence de survie globale dans les mélanomes de plus de 2 mm d’épaisseur que l’exérèse soit réalisée à 2 cm ou à 4 cm(2). L’interféron alpha 2a, qui était proposé en adjuvant dans les mélanomes de plus de 1,5 mm d’épaisseur n’est plus commercialisé. Les modalités de suivi des patients sont définies en fonction de la dernière classification AJCC(1). En cas de mélanome in situ (Breslow ≤ 1mm ; stades IA et IB), le suivi est effectué tous les six mois pendant trois ans puis une fois par an à vie, sans examens complémentaires. Un examen clinique complet avec la même périodicité est également recommandé dans les mélanomes d’épaisseur > 1-2 mm (stades IIA à IIC) avec, dans les stades IIA et IIB, une échographie optionnelle deux fois par an pendant trois ans. Au stade IIC, cette échographie loco-régionale de la zone de drainage n’est plus une option, mais devient recommandée. Encadré 1. Biopsie : les exceptions. Il existe trois situations exceptionnelles dans lesquelles on ne peut pas pratiquer une exérèse d’emblée du fait de la taille ou du siège de la lésion et de la sévérité du geste opératoire, justifiant ainsi la réalisation d’une biopsie à visée diagnostique : le mélanome acro-lentigineux, le mélanome de Dubreuilh et le mélanome sur nævus congénital. Pour ces trois types de mélanomes, la biopsie doit faire l’objet d’une interprétation critique. Selon les recommandations de l’EDF (European Dermatology Forum), la dermoscopie peut être une aide pour le choix du siège de cet examen(4).La microscopie confocale est un autre outil intéressant pour le diagnostic du mélanome de Dubreuilh. Elle permet, à partir d’un score (LM score), de dire s’il s’agit d’un mélanome intraépidermique pour lequel une marge d’exérèse de 5mm est donc envisageable(5). Il n’y a pas de recommandation particulière pour le mélanome acro-lentigineux et, par ailleurs, pour le mélanome primitif avec nodules en transit ni de recommandation française pour le mélanome de l’ongle et des muqueuses (encadré 2).   Encadré 2. Des cas particuliers. Les données de la littérature pour le mélanome du pied conduisent à préconiser, en cas de localisation au niveau du dos du pied, une exérèse-greffe avec une marge de 1 cm si le Breslow est ≤ 1 mm et de 2 cm s’il est > 1 mm, sans exérèse du fascia. Pour le mélanome interdigital, on discute une exé- rèse-greffe ou une amputation des orteils. Le mélanome des orteils relève d’une amputation de l’articulation métatarso-phalangienne, qui entraîne une gêne fonctionnelle minime, et le mélanome plantaire d’une exérèse avec une marge de 2 cm sans greffe, mais si possible avec un lambeau de recouvrement pour la marche. Pour le mélanome unguéal, l’EDF recommande une exérèse de l’ensemble de la bande pigmentaire incluant la matrice (4). Dans le mélanome des muqueuses, il faut être le plus conservateur possible aussi bien au niveau buccal que génital. On discute donc une exérèse avec une marge de 1 cm ou moins en cas d’utilisation d’une chirurgie de Mohs. Devant un mélanome avec des nodules en transit, le premier geste est la réalisation d’un PETscan pour apprécier l’extension (nodules en transit non visibles cliniquement et adénopathies). La biopsie ou l’exérèse d’un nodule en transit permet de confirmer le diagnostic et de rechercher des mutations notamment du gène BRAF. La prise en charge dépend du nombre de nodules en transit : exérèse de l’ensemble avec une marge de 2 cm s’il est limité(3) et que les nodules sont proches de la tumeur primitive, ou immunothérapie anti-PD1 ou thérapie ciblée selon le statut BRAF s’il est élevé. Il est toujours possible de discuter une exérèse de propreté du mélanome primitif intralésionnel. Dans tous les cas, la RCP (réunion de concertation pluridisciplinaire) a un rôle important. La procédure du ganglion sentinelle (GS) concerne le ou les premier(s) ganglions lymphatiques le(s) plus proche(s) de la tumeur primitive. Le repérage du GS est réalisé par l’injection d’un produit au voisinage de la tumeur, soit un colorant bleu (en salle d’opération), soit une substance radioactive (quelques heures avant l’intervention). Si le chirurgien a choisi le colorant bleu, il recherche le ganglion teinté de cette couleur. S’il a utilisé un produit radioactif, c’est la scintigraphie qui permet de repérer le ganglion marqué. Dès qu’un GS est repéré, il fait l’objet d’une exérèse chirurgicale. La collection de lymphe est l’effet secondaire le plus fréquemment rapporté. En pratique, la procédure de réalisation du GS après l’exérèse initiale est recommandée lorsqu’un traitement adjuvant est envisagé. Dans le cas contraire, la recherche du GS reste une option compte tenu de sa valeur pronostique, mais elle doit être discutée avec le patient dûment informé de ses effets secondaires. Les experts s’accordent sur la nécessité d’éliminer la présence d’une métastase régionale ou à distance par la clinique et l’imagerie avant de procéder à la technique du GS. Si la décision est prise de réaliser le GS, il est recommandé dans les mélanomes d’épaisseur > 1 mm, proposé dans les mélanomes de 0,8 à 1 mm et éventuellement dans les mélanomes < 1 mm ulcérés. Le GS n’a pas d’indication pour les mélanomes non ulcérés < 0,8 mm. Il est recommandé de ne pas faire de curage ganglionnaire devant un GS positif. Les résultats finaux d’une étude allemande avec un suivi médian de 72 mois ont en effet confirmé que le curage ganglionnaire complet immédiat dans cette situation n’améliore ni la survie sans rechute, locale ou métastatique, ni la survie globale(3).   *Jusqu’à 0,04 mm, mettre le chiffre le plus bas, et de 0,05 à 0,09, le chiffre haut.

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