Protection des phototypes foncés : ne pas se tromper d’indication

Depuis quelques années, des publications apparaissent sur l’intérêt éventuel d’une photoprotection des phototypes foncés. La notion est hautement controversée. Lors des 20es Journées de la SFPD, le Dr Christelle Comte s’est efforcée d’expliquer les ressorts de cette controverse. Celle-ci aurait essentiellement deux causes. Premièrement, une certaine confusion autour de la notion de phototype foncé. De nombreuses publications sont d’origine américaine, et concernent la catégorie « skin of color ». « Aux États-Unis, pour être “non-skin of colour”, il faut être blond aux yeux bleus », résume le Dr Comte. « Du simple fait de leur appartenance ethnique, des sujets d’origine mexicaine se retrouvent classés “skin of color”, alors que la majorité d’entre eux sont de phototype II », ajoute-t-elle. Dans une population incorporant largement ce que les européens considèrent comme des phototypes clairs, II et III de la classification de Fitzpatrick, il n’est pas étonnant qu’une protection solaire apporte un bénéfice. Seconde raison : la photoprotection n’a pas les mêmes indications selon le phototype. Pour les phototypes clairs, la protection est évidemment justifiée par le risque carcinologique. Or, dans la plupart des études de photothérapie, UVB ou PUVA, où le phototype est certain puisque contrôlé en cabine, aucun sur-risque de cancer n’est détecté pour les phototypes IV ou supérieurs. L’indication d’une protection des phototypes foncés ne serait donc pas la prévention des cancers cutanés, mais la pigmentation : pigmentation post-inflammatoire, mélasma, lentigos solaires dans les populations asiatiques. « L’objectif devient la qualité de vie, en ajoutant toutefois que l’hyperpigmentation de cicatrices d’acné peut être vécue comme une atteinte importante », relève le Dr Comte. Reste une question : quel produit ? Les produits de protection solaire disponibles visent la prévention carcinologique, et protègent donc contre les UVB. Or la pigmentation est induite par les UVA longs et l’extrémité du bleu visible. Il ne semble pas exister de produit spécifique. Le Dr Comte recommande donc aux dermatologues de s’informer, le cas échéant, de la protection que confère un produit vis-à-vis des UVA, et jusqu’au spectre visible.